La Turquie n'aurait certainement pas trouvé meilleur défenseur de ses intérêts que le directeur adjoint de l'Institut français des relations internationales et stratégiques (IRIS). Invité par l'Institut diplomatique et des relations internationales a donné, hier, au siège du ministère des Affaires étrangères, une conférence sur “la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne”. M. Didier Billion s'est employé à démonter un à un les arguments des opposants à ce projet au sein de la Communauté européenne. Il a commencé par affirmer que le débat en cours sur la question est biaisé, dès lors qu'il enferme la Turquie dans la perspective d'une intégration immédiate ou compromise à jamais. “Le processus prendra pourtant au moins dix ans”, explique le conférencier. Tout en remontant l'histoire pour prouver la proximité du pays de Kamel Attatürk davantage avec l'Europe que l'Asie ou le monde musulman, Didier Billion s'est insurgé contre ceux qui disent que cet Etat n'est pas démocratique. “La Turquie est démocratique, même si son parcours est émaillé de quelques dérapages.” Il a soutenu que le principe de l'alternance au pouvoir est parfaitement respecté dans ce pays, le système de partis est bien assis, l'électorat est majoritairement orienté vers les formations politiques qui prônent les valeurs démocratiques et, enfin, la société civile est active. “De mon point de vue, l'islam politique ne pose pas problème en Turquie car ses partisans respectent le régime parlementaire.” Le directeur-adjoint de l'IRIS a également longuement vanté l'essor économique du pays qui fait peur aux Européens. “Nous avons tout intérêt, nous membres de l'Union européenne, à réfléchir à la Turquie en termes de complémentarité”, a-t-il commenté, en ce sens que ce pays charnière entre l'Europe et l'Asie joue un rôle important dans les rapports de suprématie du Vieux-Continent sur le continent le plus peuplé de la terre. Il a regretté le recul du sondage de l'opinion publique favorable à l'intégration de la Turquie à l'espace économique et politique européen. “C'est parce que l'Europe met l'accent sur ce qui ne va pas dans ce pays, au lieu de positiver ce qu'il est”, a épilogué Didier Billion. S. H.