Grande surprise, le parti du FLN est arrivé premier aux élections législatives du 12 juin dernier. À l'ombre de ce retour inattendu, l'ex-parti unique vit une réalité inconnue du grand public : il est dans l'illégalité depuis plus de 6 mois et son président est et s'appelle toujours Abdelaziz Bouteflika. Lorsqu'il a été désigné secrétaire général par intérim en mai 2020, Abou El-Fadhl Baâdji devait quitter son poste au maximum fin novembre. Six mois, c'est, en effet, le délai maximum qu'autorisent les statuts du FLN comme prolongation des mandats des instances du parti si la tenue d'un congrès ordinaire est impossible. Au-delà de cette prolongation, les structures du parti sont donc considérées illégales. Malgré cela, plus d'une année après, le secrétaire général du parti est toujours en poste. Malgré les critiques de certains cadres qui ont voulu provoquer la tenue d'un congrès extraordinaire pour remplacer l'actuel secrétaire général et les autres instances du parti, Abou El-Fedhl Baâdji fait le dos rond. Il a continué à régner sur le parti. Même lorsque les militants sont arrivés à organiser des manifestations devant le siège du parti, le responsable n'a rien voulu entendre. Pourtant, c'est la non-tenue de congrès ordinaires dans les délais fixés par leurs statuts qui ont créé des ennuis à d'autres partis politiques, dont l'Union pour le changement et le progrès (UCP), ainsi que le Parti socialiste des travailleurs (PST). Le ministère de l'Intérieur a, en effet, sommé ces deux formations politiques de tenir leurs congrès. Ce qui a été fait. Mais l'administration n'a, pour autant, pas relâché la pression sur ces formations politiques, membres du Pacte pour une alternative démocratique (PAD). Cela est-il une obligation ? "La loi électorale évoque, en effet, la nécessité, pour les partis politiques, de respecter leurs statuts. Mais il existe un vide juridique sur la question", consent Ahmed Betatache, constitutionnaliste et ancien premier secrétaire national du Front des forces socialistes, (FFS). Il n'y a pas que l'absence du congrès qui handicape le FLN. Le parti qui est arrivé premier aux élections législatives anticipées du 12 juin est toujours présidé par... Abdelaziz Bouteflika. Depuis que les congressistes ont décidé de plébisciter, en 2015, celui qui fut alors président de la République, les choses n'ont pas bougé : "Les statuts du parti indiquent clairement que contrairement au congrès extraordinaire qui peut être convoqué par le président du parti, le secrétaire général ou 2/3 des membres du comité central, un congrès ordinaire ne peut être convoqué que par le président" qui n'est autre qu'Abdelaziz Bouteflika, rappelle Betatache. Les rédacteurs des statuts du vieux parti, estimant probablement que "Bouteflika était sacré", n'ont pas prévu des situations de vacance du poste du président ou ils n'avaient même pas imaginé que l'ancien chef de l'Etat pouvait être remplacé un jour. Résultat : seul lui peut convoquer un congrès, alors que depuis son plébiscite, il n'a jamais réellement géré le parti, du moins publiquement. Mais le nouveau statut, faisant du FLN le "premier" parti qui sort des législatives, peut le sauver. Mais jusqu'à quand ?