Les perturbations de l'Internet sont devenues tellement récurrentes que le coût économique devrait se chiffre en milliards de DA pour les entreprises et pour la collectivité de manière générale. Au deuxième jour, hier, des épreuves du baccalauréat, une forte perturbation de l'Internet a persisté provoquant la colère des Algériens qui n'ont pas manqué de l'exprimer. Certaines entreprises économiques se sont plaintes, à leur tour, du recours systématique à ces pratiques dont l'impact est considerable sur leurs activés. Les spécialistes du domaine parlent de centaines de millions de dollars de perdus chaque année durant les jours d'examen du bac. Pis encore, la tendance des restrictions de la navigation en ligne, voire des coupures d'Internet, est de plus en plus inquiétante parce qu'elle devient récurrente notamment lors des rassemblements (Hirak). "Il est clair que le recours aux coupures de l'Internet, sans que cela ne se justifie, est interdit par une loi internationale (ONU) et l'Algérie n'avouera jamais qu'elle y recourt systématiquement. Il n'en demeure pas que la réalité est visible et en est le meilleur témoin comme c'est le cas lors des épreuves du bac même si le ministère de l'Education a déclaré qu'il n'y aurait pas de coupure pour cette session". A ce propos, les spécialistes du domaine des télécoms sont unanimes."Les solutions ne manquent pas", disent-ils, tout en insistant sur le fait que "les coupures ou les restrictions de navigation lors du bac est un signe d'impuissance des pouvoirs publics d'organiser cet examen sans faille et à leur tête le ministère de l'Education incapable de proposer des solutions alternatives". Ils expliquent : "En l'absence d'une politique transversale du digital, il est quasi impossible de venir à bout de cette problématique. Au lieu d'aller dans la voie de procéder aux coupures d'Internet, il valait mieux travailler dans la voie d'empêcher l'accès à Internet à partir d'un centre concerné par le bac qu'il s'agisse d'un centre d'examen ou d'une entité administrative partant du principe qu'il pourrait y avoir des complicités à différents niveaux pour pouvoir tricher à l'examen pour ne citer que ces exemples ou différencier les sujets d'examen d'une région à une autre pour situer plus facilement l'origine de la fuite des sujets". Revoir le schéma de distribution du service Internet La vie en ligne des Algériens qui aurait augmenté notamment lors cette pandémie est une évidence. On assiste, carrément, à des changements d'habitudes (achat et commandes en ligne avec livraison), enseignement à distance, visioconférence etc. En somme, il est question de la croissance du nombre d'utilisateurs, de connectés alors que l'offre en matière de capacités d'accès s'avère limitée à cause du passage obligé par les équipements d'Algérie Télécom qui détient "l'exclusivité" pour la bande passante à l'international. "Tous les internautes des quatre opérateurs passent par le réseau d'Algérie Télécom et parfois ça crée des goulots d'étranglement causant le ralentissement du débit". L'Autorité de régulation, en ce sens, est loin de jouer le rôle qui a lui été dévolu par la nouvelle loi sur les télécoms à savoir la sauvegarde, entre autres, des droits du consommateur à une connexion de qualité. "Qui est à l'origine de la décision qui permet à Algérie Télécom d'être la seule à avoir accès à l'international pour elle et pour les autres opérateurs ?" s'interrogent des experts estimant que "c'est là une option lourde de conséquences qui a abouti à la catastrophe actuelle en termes d'accès et de qualité de connexion". Ils évoquent "l'urgence de revoir le schéma de distribution du service internet", qui suppose entre autres, "l'élaboration d'une politique d'hébergement local des données notamment celles qui proviennent des sites locaux mais qui demeurent hébergés à l'étranger. Il est, aussi, très important, voire salutaire, d'investir dans le cloud". Avec ces constats, c'est l'échec de toute la politique des télécoms qui ressurgit et le débat sur la question s'impose plus que jamais.