À l'issue de la conférence-débat qu'il a animée, hier après-midi, à la maison de jeunes Achour-Idir de Baccaro, à Tichy (Béjaïa), le fils du colonel Amirouche, Amrane Aït Hamouda, dit Nordine, a été arrêté par la police, alors qu'il se trouvait à l'intérieur de l'hôtel Club Aloui. Selon le président du café littéraire "Asaki" (L'éveil) de Tichy, Karim Smaïli, qui a pris l'initiative d'inviter cet ancien parlementaire de la wilaya de Tizi Ouzou à animer une conférence autour du thème "Histoire et manipulation dans le mouvement national", M. Aït Hamouda a été surpris par une patrouille de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) qui l'a embarqué dans un véhicule banalisé, avant de prendre la destination du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Au moment où nous mettons sous presse, on ignore toujours les raisons ayant motivé cette arrestation, d'autant que la conférence a été tolérée par les autorités locales, contrairement à celle programmée pour le samedi 19 juin passé et qui a été empêchée par la police. Selon certaines sources, il aurait été arrêté par des agents venus d'Alger et conduit vers la capitale. Dans un communiqué rendu public, le café littéraire de Tichy a dénoncé et condamné "avec la plus grande vigueur" cette arrestation qualifiée de "provocation intolérable". Pourtant, rien ne laissait présager cette issue qui intervient, faut-il sans doute le relever, quelques jours après le tollé provoqué par Nordine Aït Hamouda après sa sortie sur le plateau d'El-Hayet TV, suspendue depuis, dans laquelle il avait stigmatisé l'Emir Abdelkader, Messali Hadj et Houari Boumediene.
Il persiste et signe Usant du même ton incisif qu'on lui connaît, Nordine Aït Hamouda avait entamé sa conférence par un retour sur cette vive polémique qu'il avait soulevée lors d'une émission diffusée par la chaîne de télévision El-Hayat. Selon lui, rappeler certaines vérités historiques, qui ne sont en réalité un secret pour personne, devient un péché. Dans ce cadre, il accuse, sans ambages, les partisans du courant "Badissiste-Novembriste" d'être derrière la cabale juridico-médiatique dont il fait l'objet ces derniers jours. "Cela fait deux ans que la Kabylie subit des attaques en règle de la part des promoteurs du courant appelé 'Novembriste-Badissiste', à leur tête le défunt général corps d'armée et ancien chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Ce dernier sera ensuite relayé par les Boukrouh, Lahouari Addi, Abderrezak Makri, Naïma Salhi, Bengrina et consorts... Voilà, en fait, la raison qui m'a poussé à riposter et à rétablir ces vérités historiques", a affirmé le conférencier devant une assistance nombreuse. En réponse à l'une des diatribes du président du parti islamiste El-Bina, Abdelkader Bengrina, qui a déclaré, dans un meeting organisé dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives du 12 juin dernier, que "la région de Kabylie avait fait retarder le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954", Nordine Aït Hamouda martèlera que "Krim Belkacem et Ouamrane avaient déclaré la guerre à la France dès 1947". Avant d'asséner : "Ce même Bengrina qui s'est lancé dans le monde des affaires au sud du pays tire ses profits de cette même région de Kabylie qu'il ne cesse de dénigrer !" Revenant sur ses dernières déclarations à propos de l'Emir Abdelkader, le conférencier persiste et signe que ce dernier "a bel et bien signé sa reddition après 16 ans de résistance et de combat contre le colonisateur français". Et d'enchaîner : "Subir un échec ou perdre une bataille ne devrait en aucun cas être un alibi pour justifier une capitulation. Regardez la différence entre Cheikh Aheddad, El-Mokrani et leurs enfants, qui refusèrent toute forme de capitulation devant les forces coloniales." Il faut rappeler que les propos tenus par le fils du colonel Amirouche à propos de l'Emir Abdelkader sur El Hayet TV ont provoqué une levée de boucliers dans le pays. Des réactions qui, dans leur majorité, ont exprimé leur indignation. Même le ministère des Moudjahidine a exprimé sa "réprobation" et son rejet d'attenter aux personalités historiques. Par ailleurs, l'invité du Café littéraire de Tichy s'en prendra également au leader des oulémas, Abdelhamid Ben Badis, qui fut, selon l'orateur, "favorable à l'assimilation de l'Algérie à la France", affirmant que "son grand-père, son père et lui-même avaient tous été décorés de la Légion d'honneur par la France". Et d'ajouter que "Ben Badis n'a pas servi l'Algérie, mais il a plutôt bien servi l'arabe et l'islam en Algérie !" Autre personnage critiqué par Nordine Aït Hamouda : le défunt président Houari Boumediene, qui fut, à ses yeux, "à l'origine de tous les maux de l'Algérie post-indépendance". "Les Kabyles et les vrais moudjahidine étaient les deux choses que haïssait à mort l'ancien président Houari Boumediene. Outre les assassinats politiques et l'instauration d'un régime dictatorial, il avait privé deux héros de la Révolution, les colonels Amirouche et Si El-Haouès en l'occurrence, de leur droit d'être enterrés au carré des martyrs, en séquestrant leurs dépouilles mortelles pendant de longues années", a-t-il soutenu. Enfin, il convient de signaler que de jeunes hirakistes de Tichy ont tenté de perturber la conférence de Nordine Aït Hamouda, en faisant du chahut dans la salle pendant l'intervention de ce dernier. Imperturbable, l'orateur a réussi à s'imposer grâce au soutien de l'assistance qui est intervenue pour permettre la poursuite des débats en toute sérénité. KAMAL OUHNIA