Le collectif universitaire de Béjaïa (étudiants, enseignants et travailleurs) a organisé, hier, une journée de protestation, qui a été partiellement suivie. Au niveau des deux campus, la communauté universitaire a organisé deux rassemblements devant l'auditorium de Targa Ouzemour et de la bibliothèque universitaire d'Aboudaou. Une marche a même été improvisée au deuxième campus, qui regroupe le plus grand nombre d'étudiants. L'action est organisée en signe de solidarité avec leurs collègues, des étudiants, des enseignants et des travailleurs, et au-delà de tous les détenus politiques, des militants et manifestants, "persécutés, agressés, arrêtés, convoqués et condamnés pour délit d'opinion", lesquels se comptent, selon la déclaration, "par milliers". Et devant le sort réservé à leurs collègues, objet de poursuites judiciaires, voire de condamnations, à l'instar de Nora Haddad – condamnée à 6 mois et à une amende de 50 000 DA —, de Mira Moknache, de Hakim Oumokrane, de Chabha Ikken, de Youva Haddad, de Lemnouar Hamamouche, pour ne citer que ceux-là, le collectif universitaire de Béjaïa a dénoncé les "dépassements, jugés inacceptables". À noter que le procès de Hakim Oumokrane, prévu hier au tribunal de Béjaïa, a été reporté au 21 septembr, a-t-on appris de l'un des animateurs du Collectif universitaire de Béjaïa, M. Saou Rachid. Sa collègue, Mira Moknache, qui s'est présentée, le même jour, devant le juge instructeur près le tribunal d'Amizour, a été placée sous contrôle judiciaire, a-t-on confirmé auprès de Saïd Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). Le collectif a déploré, en outre, la "banalisation des intimidations policières et judiciaires", d'où l'appel à cette journée de protestation pour témoigner leur "solidarité avec tous les militants et manifestants persécutés et tous leurs collègues universitaires où qu'ils soient". Dans leur appel, le collectif se demande jusqu'à quand cette situation et à qui le tour ? Avant de rappeler à leurs collègues, mais aussi à toutes les forces vives du pays, que "la solidarité est plus que jamais nécessaire !" Et pour cause. Le "pouvoir liberticide n'est pas sélectif dans ses répressions". Aussi, "ne soyons donc pas sélectifs dans nos soutiens et nos solidarités". "Bien que toute activité pédagogique soit censée être gelée, une bonne partie des étudiants et des enseignants a préféré prendre part aux examens aussi bien à Targa Ouzemour qu'à Aboudaou." Même le colloque international sur l'usage des TIC dans la formation et l'enseignement s'est poursuivi dans le calme, a-t-on assuré. Les responsables du département d'arabe où enseigne Hakim Oumokrane, qui devait passer en justice hier, ont préféré annuler les examens. Dans la déclaration placardée dans les deux campus, le collectif n'a pas manqué de s'interroger : "Comment donc travailler sereinement lorsque l'un des nôtres subit une injustice aussi inouïe ?" Alors que le procès de Hakim Oumokrane était prévu au tribunal de Béjaïa, sa collègue, Mira Moknache, devait se présenter, le même jour, devant le juge instructeur près le tribunal d'Amizour. C'est ce qui ressort de la convocation qui lui a été notifiée, avant-hier, par les services de la Police judiciaire de la sûreté de daïra d'El-Kseur. Si le procès-verbal de notification transmis à la personne concernée ne porte aucun motif de cette convocation, la militante mise en cause affirme sur sa page Facebook qu'elle devra répondre des faits qui remontent au mois de décembre 2020, où elle a été arrêtée par la police, lors d'un rassemblement de soutien aux détenus d'opinion organisé à Béjaïa.