L'italien ENI et la compagnie nationale Sonatrach ont convenu, lors d'une réunion organisée, jeudi dernier, "d'accélérer la mise en œuvre" d'un mémorandum d'entente datant de mars dernier et portant sur un projet pilote dans le domaine du bio-raffinage, de la production de l'hydrogène et des énergies renouvelables, selon un communiqué publié par l'entreprise italienne sur son site web. Les deux compagnies partenaires ont décidé de discuter de la "faisabilité commerciale" de ce projet, avec une utilisation d'énergie "éolienne" et "solaire". De même, elles ont décidé d'examiner "l'utilisation de l'eau produite par les champs pétrolifères pour les processus d'électrolyse nécessaires à la production d'hydrogène", le but étant d'économiser les ressources en eau du pays. Elles veulent avancer à petits pas sur ce projet. Elles réaffirment ainsi leur engagement à "accélérer" leur collaboration, afin d'atteindre un objectif commun, celui d'"accroître l'efficacité énergétique" dans les processus de production, de "réduire les émissions de méthane", d'"installer des usines de bioraffinage", de développer simultanément de nouvelles solutions énergétiques à "zéro émission" et de "faire baisser l'émission" de carbone. Dans une déclaration faite, il y a quelques jours, le P-DG de Sonatrach a souligné que l'entreprise qu'il dirige est "consciente des enjeux internationaux relatifs, entre autres, à la recherche de nouveaux produits qui ont des empreintes carbones faibles". Et d'ajouter : "Nous avons signé plusieurs mémorandums et conventions avec des compagnies reconnues pour le développement de projets allant dans ce sens, notamment l'hydrogène vert, bleu ou gris. Un projet pilote sera lancé dans les prochains mois pour la production de l'hydrogène vert." Le P-DG de Sonatrach a également indiqué que "nous travaillons sur les biocarburants et que nous continuons notre effort pour soutenir les programmes nationaux en matière photovoltaïque". Cependant, une question se pose : est-il rentable de monter des projets d'hydrogène nécessitant de gros moyens financiers ? Sonatrach et son partenaire italien semblent s'inscrire dans une stratégie à long terme. Du reste, le P-DG de Sonatrach avait affirmé que les projets d'hydrogène ne pourraient être rentables "qu'à l'horizon 2050". Pour Ali Kefaïfi, expert en énergie, les énergies renouvelables (éolienne et solaire) sont disponibles de façon "intermittente", et l'hydrogène en constitue le "complément idéal" (flux énergétique flexible, stockage). Il explique : "Le système repose sur un électrolyseur pour produire l'hydrogène à partir de l'électricité du réseau (centrale électrique ou EnR solaire, éolien, barrages hydroélectriques, nucléaire), le stockage/transfert de l'hydrogène, une pile à combustible (en anglais fuel cell) ou pile à hydrogène permettant de générer de l'électricité à partir de l'hydrogène." L'expert souligne, par ailleurs, que "la demande d'hydrogène, qui a plus que triplé depuis 1975, continue d'augmenter et consomme 6% du gaz naturel (GN) mondial et 2% du charbon". Et de poursuivre : "L'hydrogène fabriqué à partir du gaz naturel peut remplacer les ressources fossiles dans les diverses utilisations. L'hydrogène peut aussi être produit à partir de l'eau et de l'électricité, c'est l'électrolyse de l'eau."