L'application stricte des mesures barrières et d'autres recommandations conservatoires sont de nature à freiner l'évolution de l'épidémie. Plus question à présent de tergiverser. Les professionnels de la santé sont formels : "Seule la vaccination peut nous sauver" ou du moins "est à même d'atténuer l'ampleur des dégâts". Ils insistent : "Les chiffres sont parlants et la situation est préoccupante et risque d'aller de mal en pis si les choses ne sont pas prises en main." C'est du moins ce que nous a confié, hier, le Pr Mehyaoui et le Dr Bekkat, tous deux membres du Comité scientifique, qui semblent avoir un avis bien tranché sur la question. "Opter pour la fermeté dans l'application des mesures pour contrer la propagation du coronavirus était le moins que l'on puisse faire, compte tenu de l'évolution des choses", ont-ils commenté faisant référence au communiqué de la Présidence sanctionnant, samedi, la réunion du Comité scientifique sous la présidence d'Abdelmadjid Tebboune. Il a, en effet, été décidé "la réactivation ferme des mesures de prévention prises depuis le début de la pandémie, à l'image du port du masque, de la distanciation physique et de la généralisation de l'usage des solutions hydroalcooliques", selon un communiqué de la présidence de la République. "Aussi est-il recommandé l'accélération de la cadence de la vaccination - étant le seul moyen pour venir à bout de cette pandémie -, tout en veillant à assurer une exploitation optimale du nombre de lits affectés aux patients Covid-19." "Ce ne sont pas de nouvelles mesures, mais plutôt un dispositif, déjà mis en place, qu'il faut réactiver parce qu'il n'était pas correctement appliqué, voire pas du tout (...). Il s'agit donc de renouer avec le respect du couvre-feu, resserrer les commerces, revenir au port de masque, interdire les mariages, maintenir la fermeture des salles des fêtes et interdire le regroupement en masse dans les espaces publics, etc." poursuit le professeur Mehyaoui excluant définitivement l'option d'un reconfinement total tel que vécu au tout début de la pandémie. Les walis appelés à contribution "Il est plus judicieux, à présent, de parler de confinement ciblé, par quartier, par commune ou par région, et selon l'évolution. Raison pour laquelle, le président de la République a demandé des enquêtes sanitaires exhaustives pour savoir au juste comment agir ou réagir sans pénaliser même ceux qui ne présentent aucun risque." Cela signifie, selon notre interlocuteur, de "mener des enquêtes strictes et de passer rapidement au confinement de tel ou tel endroit si cela venait à s'imposer. Mais aussi et surtout appeler à une vaccination massive". Pour ce faire, les walis sont appelés à contribution pour sensibiliser les citoyens, à veiller au grain, mais aussi à établir des statistiques fiables et détaillées qui permettent de prendre les décisions adéquates. De la "rigueur" dans l'application des mesures barrières, c'est aussi le leitmotiv du Dr Bekkat qui, à son tour, appelle à "la vaccination de masse" sur fond d'un plan de communication structuré. Egalement, président de l'Ordre des médecins, le Dr Bekkat, connu pour son franc-parler, nous a assuré, hier, que "les recommandations du Comité scientifique sont tout à fait appropriées étant donné les circonstances", mais il n'a, cependant, pas omis de souligner avec force que "l'Algérie doit préalablement s'assurer de la disponibilité du vaccin en quantité suffisante avant même de vouloir le généraliser à tous". Le Dr Bekkat reste, néanmoins, convaincu que "le plus pertinent, c'est de dire la vérité aux Algériens, de prendre le temps de leur expliquer les choses et de les rassurer par rapport aux vaccins, notamment l'AstraZeneca". En d'autres termes, le médecin pointe du doigt les pouvoirs publics et, en particulier, le ministère de la Santé l'accusant de "se contenter de donner des statistiques sans réellement agir". Un laxisme qui est également imputé à plusieurs niveaux ; ce qui explique, selon lui, "le relâchement qui nous mène aujourd'hui à la catastrophe". Le Dr Bekkat assure que "les chiffres officiels attestant du nombre de personnes contaminées ne reflètent pas la réalité, qui est beaucoup plus grave qu'on ne l'imagine". Il déplore également qu'"on ne puisse pas disposer d'assez de données sur la campagne de vaccination".