■ Les cours du pétrole ont commencé la semaine dans le rouge; le marché demeurant inquiet de l'absence d'un accord de l'Opep+, ses membres se sont quittés la semaine dernière sans pouvoir résoudre le différend opposant les Saoudiens aux Emiratis sur la base de calcul des quotas de production. L'incertitude plane désormais sur un marché qui redoute un déficit d'approvisionnement, alors que la demande mondiale carbure à plein régime, notamment en Chine et aux Etats-Unis, où la demande d'essence a affiché un record hebdomadaire la semaine dernière. Au milieu des incertitudes sur l'évolution de l'offre de l'Opep+ après juillet, la baisse des stocks américains est venue consoler les investisseurs et confirmer la reprise de la demande, en attendant l'issue des négociations "secrètes" auxquelles s'adonnent Russes, Emiratis et Saoudiens. Les deux poids lourds de l'alliance Opep+, l'Arabie saoudite et la Russie, avaient proposé d'ouvrir légèrement les vannes pour répondre à la demande croissante alors que l'économie mondiale renaît des conséquences du Covid-19. Mais les Emirats arabes unis ont demandé à revoir à la hausse leur niveau de production de base, pour pouvoir pomper encore plus, et les 23 pays de l'Opep+ ont annulé leur réunion, faute d'un consensus. Depuis, le marché est entré dans une phase de forte volatilité, affecté par la crainte que les grands producteurs pompent au-dessus de leurs quotas en raison des désaccords qui minent l'Opep+. Si l'espoir d'un accord venait à se lézarder, le marché sera confronté à deux scénarios : les producteurs pourraient soit s'en tenir à leurs niveaux de production actuelle, ce qui ne serait pas sans conséquences sur l'approvisionnement, soit se mener une guerre des prix en produisant autant que possible, ce qui risque d'inonder le marché et faire rechuter les cours. Les négociants et les principales agences de prévision y vont chacun avec ses pronostics. L'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) dit s'attendre à ce que le Brent s'établisse en moyenne à 68,78 dollars le baril cette année. Dans ses dernières perspectives mensuelles, l'EIA a révisé à la hausse ses projections de prix du pétrole pour 2021 et 2022, pariant sur la reprise de la demande mondiale. Les dernières prévisions de l'Agence du mois de juillet en cours sont supérieures de plus de 3 dollars le baril aux prévisions de juin, dont le prix moyen du Brent était attendu à 65,19 dollars le baril. L'agence américaine anticipe une hausse de l'offre de l'Opep+ et une accélération de la production de pétrole aux Etats-Unis; les deux offres devraient dépasser la croissance de la demande.