Le parti islamiste a demandé au président Kais Saïed de revenir sur ses décsions relatives au gel des activités parlementaires et à "la monopolisation de tous les pouvoirs sans contrôle constitutionnel". La principale formation politique du Parlement tunisien , le parti Ennahdha, a appelé le président Kais Saïed a revenir sur ses décisions du 25 juillet au dialogue mardi, indiquant être prête à des élections anticipées après le coup de force du président Kais Saïed, qui a notamment suspendu l'activité du parlement pour 30 jours et limogé le Premier ministre. Le parti d'obédience islamiste a visiblement opté pour la prudence et a décidé de militer pacifiquement contre ce qu'il considère pourtant comme des mesures "anticonstitutionnelles et représentent un coup d'Etat contre la Constitution et les institutions". Au lendemain des heurts entre partisans du président et opposants, le parti de Rached Ghannouchi a rendu hommage à ses militants et sympathisants qui ont exprimé leurs positions "de manière civilisée et pacifique". Ennahdha a mis en garde contre le danger "des discours de violence, d'incitation et d'exclusion, en appelant tous les Tunisiens à renforcer la solidarité, la coopération et l'unité et à affronter tous les appels à la division et aux conflits civils". À l'issue d'une réunion d'urgence tenue lundi soir, et présidée par le président du Parti, Rached Ghannouchi, Ennahdha a demandé au président Kais Saïed de revenir sur "les mesures exceptionnelles" qu'il avait prises dimanche savoir, et particulièrement celles relatives au gel des activités parlementaires et à "la monopolisation de tous les pouvoirs sans contrôle constitutionnel" Le parti a souligné , dans ce sillage, la nécessité de reprendre les travaux de l'ARP (Parlement) en tant qu'"autorité fondamentale démocratiquement élue", et d'engager un dialogue national pour sortir le pays de ses crises : politique, sociale, économique et sanitaire. Aux formations politiques et organisations civiles , Ennahdha a, en effet, demandé d' intensifier leurs "consultations (...) afin de préserver les acquis démocratiques et de revenir le plus rapidement possible aux conditions constitutionnelles et au fonctionnement normal et juridique des institutions et de l'administration de l'Etat." Dans son communiqué, Ennahdha s'est dit «prêt à la tenue d'élections législatives et présidentielle anticipées simultanées afin de garantir la protection du processus démocratique et d'éviter que tout retard ne serve de prétexte au maintien d'un régime autocratique». Mais les observateurs s'interrogent si cette attitude pacifiste du parti islamiste était-t-elle synonyme de son isolement populaire et politique, à considérer le faible écho qu'a reçu par l'appel lancé par son leader historique, ou alors d'appels à la raison ? Ils évoquent, à ce titre, que l'Algérie a pressé à la fois le président et ses opposants d'"apaiser les confrontations afin d'éviter une déstabilisation supplémentaire ou l'éventuelle intervention de forces extérieures". De son coté, Kais Saïed, dont les décisions suscitent l'inquiétude au sein de la communauté internationale, et alors qu'aucune information n'a filtré sur les démarches pour la désignation du futur chef du gouvernement, passe à la prochaine étape de mise en œuvre de sa feuille de route. À savoir, l'ouverture des dossiers de la corruption. Dans ce cadre, le Pôle judiciaire économique et financier a décidé de diligenter une enquête sur des financements étrangers et non identifiés d'Ennahdha, de Qalb Tounès et de Ich Tounsi, lors des campagnes électorales de ces partis. Une enquête relative au dossier de l'Instance vérité et dignité et de la Banque franco-tunisienne a été également ouverte. Et, enfin, le dossier d'un marché d'achat de moteur, effectué par Tunisair technique avec un certain nombre de fournisseurs a été soumis au parquet du pôle judiciaire après son examen par le juge d'instruction de première instance. Amar R.