Il est le “cardinal” de la chanson kabyle, “la pyramide de la chanson algérienne”, pour reprendre la formule de Hamraoui Habib Chawki, autant de superlatifs qui lui vont comme un beau costume, mais qui s'abîment sur la modestie légendaire de l'homme. Chérif Khaddam se veut juste une “voix” parmi d'autres. Samedi dernier, au siège de l'Entv, où il a animé un point de presse, pendant deux heures, il a décliné son parcours artistique dont il va célébrer, le 31 octobre prochain, le cinquantenaire à la coupole du 5-Juillet. Pour ce rendez-vous avec le public algérien, après une éclipse de plusieurs années, da Chérif promet un joli bouquet. Quelques musiciens, qui l'ont accompagné de Paris, s'attellent déjà aux répétitions. D'autres arriveront encore en fin de semaine. Mais il ne veut pas en dire plus, sans doute histoire de ménager la surprise pour ceux qui se rendraient au spectacle du 31 octobre. “Moi, je participerai à la fête, mais à titre symbolique”, avertit-il en raison de son état de santé qui ne lui permet pas de fournir des efforts physiques soutenus. En plus du spectacle, le nouveau producteur de Chérif Khaddam, Antinéa-Production, sortira une compilation, un DVD et des cassettes qui retracent l'œuvre du maître. “Le produit sera de qualité, les enregistrements sont réalisés dans de très bonnes conditions techniques”, assure Tahar Boudjeli qui a annoncé également un projet de film pour le chanteur et un grand gala le 18 décembre au Palais des congrès de Paris. Outre ces projets qui polarisent tout son intérêt, “pour faire du 31 octobre une réussite, da Chérif porte aussi un regard sur la chanson kabyle, qui doit, selon lui, sortir de son ghetto pour s'inscrire dans l'universalité. Ce qui est loin d'être une chose aisée eu égard aux difficultés que rencontrent les artistes algériens, notamment à l'étranger où la concurrence est rude. Si on continue d'exister, c'est grâce à des relations personnelles, car les Algériens sont abandonnés”, se désole-t-il. S'agissant de l'état actuel de la chanson kabyle, l'artiste a une opinion plutôt mitigée en estimant qu'“il y a du bon et du moins bon”. Bien sûr, il reviendra non sans un brin de nostalgie sur la monumentale émission des “Chanteurs de demain” à travers laquelle il a propulsé toute une génération de chanteurs, dont Lounis Aït Menguellet pour qui il voue un grand respect et une admiration pour son apport à la chanson kabyle, notamment sur le plan du texte. Toujours au service de l'art et des autres, Chérif Khaddam a annoncé la sortie prochainement d'un CD qu'il a composé à Karima, dont le nom reste lié à la chanson Assa nezha. R. C.