Des dizaines de personnes sont appréhendées par les services de sécurité à travers le territoire national, notamment en Kabylie soumise à une intenable pression. Cette vague d'arrestations plonge le pays dans un climat de peur à la veille des élections locales. Les arrestations tous azimuts se poursuivent à une cadence soutenue et font régner un climat de terreur. La psychose s'installe notamment en Kabylie où plusieurs arrestations sont opérées. Alors que la région peine à se relever du drame des feux de forêt, les citoyens sont plongés dans une extrême tension due aux arrestations quotidiennes. Des militants, hirakistes ou de simples citoyens ayant exprimé un simple avis ou une opinion discordante, sont interpellés, arrêtés et mis, le plus souvent, sous mandat de dépôt. Cette déferlante n'épargne plus personne et touche indistinctement des femmes, des hommes, des universitaires, des chômeurs ou des activistes pacifiques. Un climat de tension et d'inquiétude sans précédent s'est emparé du pays, plongeant l'opinion dans une grande inquiétude. Lundi, pas moins de 16 personnes ont été arrêtées à Tizi Ouzou et à Béjaïa. Selon un communiqué de la Gendarmerie nationale, les mis en cause sont tous des membres du mouvement MAK, une organisation indépendantiste, classée comme terroriste par les autorités algériennes le 18 mai 2021. La semaine dernière, pas moins de 30 personnes ont également été arrêtées et placées en détention provisoire. Parmi elles, 7 individus accusés d'appartenance au MAK. Evidemment, les enquêtes sur les incendies de forêt, début août, d'origine criminelle, selon les autorités, et l'assassinat, dans des conditions barbares, de Djamel Bensmaïl n'expliquent pas, à elles seules, le rythme "effréné" de ces arrestations. Dans le sillage de l'embarquement de dizaines d'individus, suspectés d'appartenir au mouvement "terroriste", plusieurs personnes, à travers le territoire national, sont appréhendées par les services de sécurité, parfois de manière brutale. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) recense, à ce propos, quotidiennement, les arrestations de jeunes, hommes, femmes, de toutes les catégories sociales, dans plusieurs régions du pays. À quoi cette opération sécuritaire de grande envergure obéit-elle ? Il s'agit, décidément, du même modus operandi testé avant les élections présidentielle et législatives passées, avec, semble-t-il, les mêmes motivations qui ont dicté la vague d'arrestations contre les militants et activistes. Pour le politologue Mohammed Hennad, l'objectif est clair. "Nous sommes à la veille d'une échéance électorale (les locales de novembre prochain, ndlr). Le pouvoir nous a habitués maintenant, à l'approche des rendez-vous politiques, au rythme des arrestations en masse. Il pense, à tort, passer le cap de ces élections dans un climat 'serein", en étouffant toutes les voix discordantes et susceptibles, selon lui, de perturber les élections", affirme le politologue. Cela, explique-t-il encore, entre dans le cadre d'une stratégie à court terme. À moyen et long termes, ajoute-t-il, "l'objectif principal de cette politique du tout-sécuritaire, à travers les arrestations en masse, est sans doute d'en finir avec le mouvement insurrectionnel du Hirak". Mohammed Hennad n'exclut pas, une fois ce même Hirak "laminé", de voir les détenus d'opinion recouvrer la liberté. 180 personnes sont actuellement emprisonnées, selon la CNLD. En somme, le pays est dangereusement propulsé dans l'incertitude. Des personnalités politiques et des intellectuels ne cessent d'alerter sur les risques du "tout-sécuritaire" qui n'est porteur d'aucune réponse fiable aux multiples difficultés que le pays doit surmonter.