"L'urgence est de sauver l'Etat, et non pas le régime. Pour ce faire, il faudra trouver les mécanismes à mettre en œuvre pour permettre un changement apaisé, graduel et même négocié", a déclaré, hier, Youcef Aouchiche, premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), lors de la rencontre fédérale des cadres et militants du parti, organisée au siège de la Fédération Ali-Mecili de Béjaïa. Dénonçant l'escalade de la répression qui cible ces derniers mois les militants politiques en Algérie, l'orateur accuse le pouvoir en place de "vouloir dépolitiser la société", en déclarant "une guerre contre le politique". Et pour faire face à cette offensive du pouvoir, M. Aouchiche estime que "nous devons nous atteler à repolitiser la société". D'où la décision de son parti de prendre part aux prochaines élections locales, prévues pour le 27 novembre 2021. "Malgré tous les obstacles dressés par le pouvoir, nous allons partir aux élections avec un esprit gagnant en vue de conquérir de nouveaux espaces politiques et demeurer aux côtés de nos concitoyens. Une façon de démontrer à ce régime autoritaire que le FFS jouit toujours d'un ancrage national", a souligné le président de l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou. Abondant dans le même sens, Brahim Meziani, membre de l'instance présidentielle du FFS, soutient que leur "participation aux prochaines élections locales est éminemment politique". "Elle constitue un axe stratégique pour asseoir la démocratie et une gestion participative au sein des collectivités locales", dit-il. Autre enjeu : l'ancien sénateur du FFS affirme que son parti "ne laissera jamais la Kabylie entre les mains des apprentis sorciers et autres aventuriers politiques". "Cela dit, nous allons préserver le contrôle de notre bastion politique que sont les wilayas du centre du pays." Lors de son intervention, M. Meziani n'a pas manqué de décocher une flèche à l'adresse des partisans du boycott de la prochaine échéance électorale, notamment les activistes du Hirak. "Nous refusons d'être à la merci des hirakistes autoproclamés qui veulent ramener cette révolution pacifique du 22 Février vers l'impasse. Le FFS qui mène son Hirak depuis 1963 est un parti souverain et n'a pas de leçons à recevoir de quiconque !" Même le premier secrétaire national du FFS n'a d'ailleurs pas hésité à répondre aux détracteurs de son parti qu'il qualifie de "maquisards de Facebook et des réseaux sociaux". L'orateur soutient que le FFS, conscient de la "complexité" de la situation générale du pays, et après avoir évalué le contexte politique et socioéconomique actuel, a pris la décision à l'unanimité des membres de son conseil national de participer aux prochaines joutes électorales pour plusieurs raisons, dont "la sauvegarde de l'unité nationale, la défense et le renforcement de la souveraineté de notre parti et le souci d'être toujours aux côtés de nos concitoyens". Evoquant la crise économique que traverse le pays, M. Aouchiche déplore : "50% des entreprises algériennes sont aujourd'hui déficitaires et 1,3 million de travailleurs ont perdu leur emploi depuis l'apparition de la pandémie de coronavirus, selon des données officielles." Par ailleurs, le premier responsable du FFS a alerté sur les dangers qui guettent aujourd'hui la nation algérienne, qui sont, selon lui, "le régime autoritaire en place et les extrémistes de tout bord". "Le FFS continuera à combattre tous les extrémismes quelles que soient leur appartenance idéologique et leur origine ethnique", a-t-il assuré. Pour son camarade Brahim Meziani, "l'unité nationale est une ligne rouge". "Le FFS se dresse comme un rempart contre toute forme d'extrémisme."