Les commerçants justifient cette hausse par l'inflation, mais avouent indirectement que la pression fiscale y est pour beaucoup aussi, eux qui avaient l'habitude de travailler sans la moindre facture. Ayant touché la plupart des produits de large consommation, notamment les fruits et légumes, les denrées alimentaires (pâtes, légumes secs, etc.), mais aussi les viandes blanches, la flambée des prix a fortement éprouvé les revenus des ménages, dont le pouvoir d'achat s'est érodé sous le poids d'une pression inflationniste jamais égalée. En effet, semoule, pâtes, beurre, céréales, viandes, fruits et légumes, produits d'hygiène, la hausse des prix n'a épargné aucun produit de consommation, atteignant des niveaux intenables variant de 30% à plus de 70% en l'espace de quelques mois. Une hausse dont les conséquences ont été désastreuses sur le niveau de vie des familles, obligeant les plus vulnérables à réduire leurs dépenses pour l'acquisition des denrées essentielles à leur survie. C'est ce qui ressort unanimement des avis de certains citoyens rencontrés dans les marchés de la ville, déclarant ne plus savoir comment faire pour joindre les deux bouts, dans une conjoncture marquée par une double crise économique et sanitaire. Une situation devenue intenable pour les familles qui doivent faire face à une flambée des prix des produits de première nécessité, comme par exemple le couscous, dont le prix est passé d'environ 100 à plus de 180 DA en moins de 6 mois, ou encore le prix du café moulu de 250 g qui a grimpé de 160 DA en moyenne à 190 DA. Le poulet est devenu, lui aussi, hors de portée des petites bourses, dont le prix est passé du simple au double quasiment. Son prix a atteint 460 DA/kg. Nombre de citoyens déclarent n'être plus enclins à croire aux discours des politiques et encore moins aux explications théoriques et alambiquées des experts sur les causes de l'inflation, la dépréciation du dinar, la perte de revenu, s'en tenant à la seule réalité économique qui fait "craindre un basculement de pans entiers de la société dans la pauvreté". Même les petits commerçants se plaignent de la situation, se disant impuissants devant le phénomène de l'augmentation vertigineuse des prix de toutes les matières chez les grossistes. "Nous sommes harassés par l'importante pression des services fiscaux qui s'est abattue sur nous ces derniers jours. Le commerçant ne sait même plus quoi répondre à ses clients sur les raisons de l'augmentation des prix." "Mais où sont passés les services du contrôle, les associations de protection des consommateurs ?" s'interroge Mohamed, un sexagénaire qui voit chaque mois sa pension de retraite fondre comme neige. Car, dira notre interlocuteur, "les pensions et les salaires doivent connaître des augmentations indexées sur le taux d'inflation des prix à la consommation calculé par l'Office national des statistiques (ONS)". Pour connaître l'avis de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), nous avons posé la question au coordinateur de la wilaya de Médéa, Malik Slama, selon qui la flambée des prix est générée par la crise sanitaire liée à la Covid-19 et à la hausse des prix des matières premières et des équipements sur les marchés mondiaux, qui sont responsables de la spirale inflationniste en Algérie et de l'augmentation inconsidérée des prix des produits importés sur le marché national.