Des dizaines de personnes, dont des militants très actifs du Hirak du 22 Février 2019, ont été arrêtées le mardi 5 octobre, journée coïncidant avec la commémoration des événements d'Octobre 1988, et ce, à travers au moins onze wilayas du pays, selon le décompte des militants des droits de l'Homme et du Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Une partie a été libérée en fin de journée, mais nombreux sont ceux qui ont été placés en garde à vue, aussi bien à Alger qu'à Boumerdès, Tizi Ouzou, Batna, Tébessa, ou encore Béjaïa où la ville a été quadrillée lundi par un important dispositif policier, interdisant toute activité publique commémorant les tragiques événements. À Batna, Yacine Merchiche, responsable du bureau local du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a été placé sous mandat de dépôt, selon le CNLD, qui a rapporté auparavant que ce militant avait été placé en garde à vue alors qu'il s'était présenté au commissariat de police, après son placement sous contrôle judiciaire, il y a quelques jours. Cinq autres militants de Batna, arrêtés durant la deuxième quinzaine de septembre dernier, sont toujours sous contrôle judiciaire. À Tébessa, quatre militants sont en garde à vue, dont Oussama Dendani qui a été arrêté le 5 octobre à T'kout (Batna) et transféré à Tébessa, selon le CNLD, qui a fait état, hier, en fin de journée, du placement en garde à vue de Mohamed Bekhbakh à Touggourt, après sa convocation par les services de sécurité. À Boumerdès, la justice a condamné Sohaïb Chaouchi et Aïssa Saïd à 5 mois de prison ferme sans mandat de dépôt, tandis que trois autres militants du Hirak ont écopé de trois mois de prison avec sursis, après leur comparution immédiate au tribunal de Bordj Menaïel. À Tizi Ouzou "Aksil Jugurtha et Iguebriouen Mohamed Ouali (tous les deux de Mekla) figurent parmi les 17 personnes arrêtées le 5 octobre à Tizi Ouzou. Ils sont en garde à vue au commissariat central et seront présentés devant le procureur jeudi 7 octobre 2021 (aujourd'hui, ndlr)", rapporte le CNLD. À Alger, l'étudiant Abdenour Naït Saïd est toujours en garde à vue au commissariat de "Trollard", alors que tous les autres militants, dont deux femmes portant le drapeau algérien, ont été relâchés le jour même de leur arrestation dans la capitale, où les forces de sécurité étaient sur le qui-vive durant la journée du 5 octobre, suite à des appels à manifester lancés sur les réseaux sociaux. À Ouargla, Reda Zouaouid a été interpellé lundi à Hassi Messaoud, sur le lieu de son travail. À Skikda, au moins cinq hirakistes ont aussi été interpellés le même jour, mais l'on ignore encore s'ils ont été relâchés ou non. La folie des interpellations ininterrompues de militants et activistes du Hirak notamment qui dure depuis plusieurs mois déjà s'est, en effet, accentuée mardi passé, avec 70 nouvelles interpellations selon le Comité national pour la libération des détenus d'opinion qui établissait jusqu'à ce 5 octobre 2021 une liste de plus de 220 personnes arrêtées et maintenues en détention depuis le 22 février 2021. Le nombre d'interpellations depuis cette date dépasserait selon un autre décompte les 6 740 dont plus de 400 personnes écrouées et près de 800 présentations devant le procureur de la République.