Les exigences du nouveau code électoral ont mis en difficulté des partis politiques qui ne parviennent pas à constituer des listes dans beaucoup de communes du pays. Certains ont même renoncé à en concevoir, tandis que des communes risquent de se trouver sans candidats. Parmi les partis politiques qui ont choisi de participer au scrutin local, beaucoup ont critiqué les dispositions du code électoral. C'est le cas du FFS dont le premier secrétaire, Youcef Aouchiche, a sévèrement critiqué cette loi. "Le code électoral est une guerre déclarée aux partis politiques", avait-il fulminé à l'issue d'une rencontre organisée par sa formation politique vendredi dernier. Comme la majorité des partis traditionnels, cette formation politique n'a pas réussi à placer des listes dans la majorité des communes du pays, y compris dans ses fiefs traditionnels. Le FFS n'est, cependant, pas le seul parti politique à se plaindre de la loi électorale qui impose un nombre impressionnant de parrainages pour pouvoir prétendre à la gestion d'une APC ou une APW. Même des partis du pouvoir comme le FLN et le RND n'ont pas pu être présents dans toutes les communes et wilayas du pays. La raison ? "Il faut au moins 850 000 signatures de citoyens pour qu'un parti politique puisse couvrir toutes les communes et wilayas du pays", atteste le constitutionnaliste Ahmed Betatache. Selon la loi électorale, si un parti politique ou une liste indépendante ne disposent pas d'élus ou n'a pas obtenu au moins 4% des suffrages exprimés lors de la dernière élection, il doit recueillir 50 signatures d'électeurs de la circonscription électorale concernée pour chaque siège à pourvoir. Une condition quasiment impossible à satisfaire pour tous les partis politiques à l'exception des formations politiques qui avaient la mainmise sur les assemblées locales lors des derniers scrutins. Il leur suffit d'avoir 4% lors des dernières élections ou 10 élus pour éviter de recourir au nombre de parrainages des électeurs. Seulement quelques partis politiques ont donc réussi à placer des candidats dans un nombre important de circonscriptions. C'est le cas du FLN, du RND, d'El-Moustakbel, du FFS et du MSP. Mais d'autres formations politiques, pourtant réputées, ont carrément renoncé à l'élection. C'est le cas du Front de la justice et du développement (FJD) d'Abdellah Djaballah et de Talaie El-Houriat, qui seront absents lors du scrutin du 27 novembre prochain. Ils ont été freinés par cet écueil des parrainages citoyens. Cette situation fait la part belle aux listes indépendantes, notamment dans les Assemblées populaires communales. "Il est plus facile de recueillir les parrainages pour une liste indépendante dans une seule commune ou une APW", explique Ahmed Betatache, qui affirme que cela va, en revanche, atomiser les assemblées et éliminer les partis politiques de la gestion de ces institutions. Mais au-delà de la mise en difficulté des partis politiques, les exigences de cette loi électorale créeront un précédent dans les élections locales : il n'y aura aucune liste dans plusieurs communes. C'est le cas d'au moins 5 municipalités à Tizi Ouzou et 4 à Béjaïa. Dans des dizaines d'autres circonscriptions, les électeurs n'auront dans l'isoloir qu'un seul choix, puisqu'une seule liste est validée en attendant bien sûr l'étude des recours de l'Autorité indépendante des élections (Anie) qui pourra augmenter le nombre des communes sans liste. "Dans ce cas, il y a un vide juridique", fait remarquer Ahmed Betatache, qui ajoute que les autorités seront devant deux choix. Le premier sera d'organiser des élections partielles après la fin du mandat en cours (octobre 2022) "puisque le chef de l'Etat n'a pas annoncé la dissolution des APC", ou nommer des administrateurs. À moins qu'une décision politique vienne remédier à la situation, surtout que beaucoup de partis politiques se plaignent de la loi électorale.