Un campement d'environ un millier de migrants a commencé à être démantelé hier par les forces de l'ordre dans le nord de la France, à Grande-Synthe, sur fond de tension entre Paris et Londres autour de la question migratoire et de contestation du traitement réservé aux exilés sur le littoral français. "Sur mon instruction, les forces de l'ordre procèdent à l'évacuation du campement illicite de migrants à Grande-Synthe ce matin", a twitté le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Cette opération est menée à un moment de tensions diplomatiques entre Paris et Londres sur la question migratoire. M. Darmanin s'est entretenu lundi avec son homologue britannique, Priti Patel, mais, selon son entourage, ce démantèlement était "prévu à cette date indépendamment" de ces échanges. "C'était antérieur", insiste-t-on. Selon la préfecture du Nord, le camp évacué est "le principal" de Grande-Synthe et il abrite "environ un millier de personnes". Les migrants doivent être conduits dans des centres "où des places d'hébergement ont été identifiées dans le Nord et d'autres régions". Selon le cabinet du maire socialiste (opposition) de Grande-Synthe, Martial Beyaert, près de 1 500 personnes, en majorité des Kurdes, vivaient dans le camp démantelé, situé sur une ancienne friche industrielle. "Il faut trouver une solution pour ces gens-là, d'autant que nous allons arriver en hiver. L'Etat les empêche de prendre la mer et de rester ici : c'est un cercle vicieux", a-t-il plaidé. Depuis des années, des migrants affluent sur le littoral français, dans des villes comme Grande-Synthe ou Calais, dans l'espoir de se rendre au Royaume-Uni, où ils pensent pouvoir trouver du travail, sans être dissuadés par les démantèlements successifs et quasi quotidiens de leurs campements. La pression migratoire ne se relâche pas : selon le Royaume-Uni, 22 000 migrants ont réussi à rallier l'Angleterre à bord de petites embarcations depuis le début de l'année. Le bilan humain s'élève à trois morts et quatre disparus. Une commission d'enquête parlementaire sur les migrations doit présenter mardi un rapport, dans lequel elle conclut que "la France est dans une maltraitance d'Etat" envers les migrants sur son sol.