Réalisateur et producteur de séries télé et d'un long-métrage à succès, Djaffar Gacem a provoqué l'euphorie à Saïda, dans le cadre de la 4e édition du Festival national de la littérature et du cinéma de la femme. L'invité d'un jour n'a pas manqué son rendez-vous avec ses admirateurs, pour évoquer son parcours, ses productions et les difficultés auxquelles font face les professionnels du métier. Et l'assistance de la maison de la culture de la ville, composée essentiellement de jeunes scénaristes, réalisateurs ou comédiens en herbe, qui ambitionnent d'embrasser une carrière dans le 7e art, a été attentifs au réalisateur d'Héliopolis et n'a pas manqué de l'interroger et de débattre sur sa passion pour le cinéma. Après avoir rappelé son expérience sur sa première fiction, Djaffar Gacem est revenu sur la production audiovisuelle et cinématographique, qui est assez faible en Algérie. D'ailleurs, il estime que "pour son évolution, il faut qu'il y ait une volonté politique. La relance de l'industrie cinématographique fait partie du programme du gouvernement, mais il faudrait que tout le monde soit concerné", à l'exemple des professionnels, des ministères, des maisons de la culture et des entrepreneurs. À ce propos, il a cité pour exemple des studios de tournage : "Nous possédons de beaux décors naturels mais cela est insuffisant, car c'est très difficile de tourner une séquence à l'extérieur, et ce, à cause du bruit et autres inconvénients." Cette "absence" de studios a mené bon nombre de cinéastes à l'étranger, comme cela a été le cas pour Alexandre Arcady, sur le tournage de Ce que le jour doit à la nuit (adaptation du roman éponyme de Yasmina Khadra), qui a dû filmer en Tunisie. "Les studios seront également un bon investissement pour le pays, car des producteurs y tourneront leurs publicité, films ou émissions télé. Cela permettra la relance de la culture et de la machine économique dans les villes 'hôtes'", insiste-t-il. Dans son intervention, Djaffar Gacem est revenu également sur l'importance de la formation, un volet longtemps ignoré. "C'est honteux de ramener des techniciens de Tunisie, alors que nous pouvons former nos jeunes ici", martèle le réalisateur de Achour El-Acher. Outre les techniciens, il a souligné l'importance de la formation dans l'écriture scénaristique, et que la société est le premier moteur d'inspiration, ainsi les scénaristes devraient évoluer avec leur société dans leur écriture. Bienveillant, Gacem a encouragé les jeunes à poursuivre leurs rêves malgré les difficultés, et ce, en insistant sur le fait qu'il faut "résister et garder espoir" pour la concrétisation des projets. "Personne ne m'a tendu la main, j'ai dû tout faire moi-même. En travaillant avec des jeunes de différentes villes, j'ai remarqué qu'il y a une belle dynamique à encourager, et les maisons de la culture devraient s'impliquer pour attirer le public." Sur ce point, il s'est proposé de revenir à Saïda pour animer d'autres master class et être à l'écoute de cette jeunesse.