Issam Laouer, considéré comme le dernier des anciens officiers exégètes du terrorisme, s'est rendu vendredi aux forces de sécurité. Il est à l'origine de fetwas légitimant assassinats, embuscades et attentats, notamment à l'est du pays. Alors que l'opinion publique reste dans l'attente de l'effet boule de neige que le référendum du 29 septembre dernier est censé créer, les redditions se font rares. En effet, on est loin des “massives” descentes ayant suivi les fameuses rahma et concorde civile ou encore celles amorcées durant l'été 2004 suite à un travail de fourmi ayant ciblé les “éléments de la troupe” et quelques “émirs de premières catégories”. Pis, les actes terroristes ont redoublé d'intensité ces derniers jours. À l'est du pays, il ne se passe pas un jour sans qu'un acte terroriste ne soit signalé à Skikda ou à Jijel. Le week-end dernier, c'est un “émir”, et non des moindres, un commissaire politique version GSPC, qui vient de se rendre aux autorités. Ainsi c'est carrément un commanditaire d'assassinats qui a pu comprendre, en lisant entre les lignes, que le texte soumis à référendum l'absout de ses crimes. Ainsi, I'identité du terroriste qui s'est rendu vendredi dernier aux services compétents de la wilaya de Jijel est désormais connue. Il s'agit de l'officier exégète du GSPC de toute la région. Ses décrets étaient destinés aussi au reste des maquis de la région est, notamment ceux limitrophes de Constantine où il a fait ses débuts d'activiste. Dans l'organigramme des groupes armés, il s'agit, avec l'“émir” militaire, du premier responsable des maquis. C'est à partir de ses fetwas décrétées que les “opérationnels” mènent leurs actions les plus sanguinaires. Après avoir activé à Constantine, il s'est replié dans le maquis de Jijel après les coups de butoir portés aux cellules urbaines de terrorisme par les forces de sécurité. Issam Laouer, c'est bien de lui qu'il s'agit, a rejoint les premiers maquis terroristes en 1992. Il s'est imposé au sein de la nébuleuse en s'évadant de sa prison en creusant un tunnel. Il a été cité dans plusieurs affaires de terrorisme. La plus médiatique est l'organisation de l'attentat à l'explosif qui a secoué le campus universitaire de Constantine dès le début de la subversion. Ce fut en1994 quand le rectorat, un lieu de rassemblement public par excellence, situé au 14e étage de la tour, fut ébranlé par une forte explosion. Il est aussi cité dans plusieurs autres attentats ou tentatives d'attentats ayant ciblé d'autres édifices publics dans la capitale de l'est. Des actions qui ont rendu Constantine ville morte une fois les coups de 18 heures. On se souvient que plusieurs institutions et administrations, dont les responsables sont hantés par les sacs piégés, ont délocalisé leur siège vers d'autres villes plus clémentes à l'époque telles que Annaba. Issam Laouer est le dernier des plus anciens officiers exégètes des maquis terroristes. À l'est du pays, I'avant-dernier exégète “A. L.” a signé sa reddition en 1999 lors de I'autodissolution de l'AIS. Durant l'été 2004, les maquis de Jijel ont connu une véritable hémorragie avec la reddition de près de 60 terroristes qui ont répondu favorablement au travail d'approche effectué par les services compétents via leur famille. Le “dabit echariai”, lui, s'est rangé, selon des sources proches de la mouvance, du côté des durs décrétant “mourtad” tous ceux tentés par un quelconque rapprochement avec le “taghout”. Vendredi dernier, le terroriste, âgé de 34 ans, s'est rendu aux autorités militaires de la wilaya de Jijel. Il a remis lors de sa reddition un pistolet-mitrailleur de type Kalachnikov et trois chargeurs. Toutefois, une question reste posée. La dernière vague d'attentats commis à Jijel a-t-elle une quelconque relation avec cette reddition ? MOURAD KEZZAR