En prévision du renouvellement partiel des membres de la Chambre haute du Parlement, prévu pour le 5 février prochain, le Front des forces socialistes n'a pas jugé utile de passer par les primaires à Tizi Ouzou pour valider l'unique candidature, celle de l'actuel président de l'APW, Youcef Aouchiche. En dehors de cette wilaya, le FFS a choisi, hier, ses candidats pour le renouvellement des membres du Conseil de la nation en recourant à une primaire. Une étape qui lui permettra de se consacrer à l'organisation du congrès qui se veut "rassembleur", selon les professions et les souhaits de ses responsables, mais dont la date n'a pas encore été fixée. Rendez-vous capital pour le plus vieux parti de l'opposition, orphelin de son fondateur historique, le défunt Hocine Aït Ahmed. Le congrès ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices, compte tenu des divergences apparues autour de la participation aux sénatoriales. L'intermède qui a permis aux dirigeants et militants du FFS de connaître une période d'accalmie a été en effet de courte durée. Il n'a pas résisté aux remous cycliques qui minent cette formation politique et aux ambitions personnelles de certains de ses cadres. Après avoir évité de justesse l'implosion à l'issue d'une réunion houleuse de son conseil national, en février 2021, durant laquelle l'option de boycotter les élections législatives de juin 2020 avait été prise, le FFS semble plonger de nouveau dans ses travers. Il doit désormais s'employer à recoller les morceaux pour tenter de trouver un compromis entre les "oppositions internes" pour aller à la tenue d'un congrès décisif, qui doit redynamiser une formation politique qui n'arrive visiblement pas à trouver ses marques plus de cinq ans après le décès de son leader charismatique, Hocine Aït Ahmed. Le procédé utilisé par la direction du FFS pour faire passer le choix de la participation aux sénatoriales est une preuve supplémentaire des divergences qui secouent le parti et de la difficulté à dégager un consensus dans l'immédiat : pour éviter de devoir s'expliquer devant les membres du conseil national, le premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, et Hakim Belahcel, membre de l'instance présidentielle, ont opté pour une réunion des deux instances de l'exécutif – le secrétariat national et le présidium – pour faire passer l'option de la participation aux élections sénatoriales. Le communiqué sanctionnant cette réunion est signé "direction nationale", un vocable qui ne figure pas au demeurant dans les statuts du parti. Face à ce qui s'apparente à un "coup de force", des voix s'élèvent pour réclamer la démission ou le remplacement de Youcef Aouchiche de son poste de premier secrétaire national. Une revendication qui ne risque pas forcément d'être satisfaite dans l'immédiat. Car étant quasiment assuré d'obtenir un poste de sénateur, l'actuel président de l'APW de Tizi Ouzou pourrait obtenir un sursis et se consacrer totalement à ses tâches partisanes, dont la plus importante est de préparer le congrès. Annoncé initialement pour septembre 2021, le 6e congrès "unificateur" du FFS a été reporté sine die. Mais il risque d'être encore repoussé de plusieurs mois en raison des dissensions qui existent actuellement au sein du parti, particulièrement à l'intérieur du conseil national. L'avis de cette instance est déterminant pour fixer la date de ce rendez-vous organique. Or, sa réunion est de plus en plus compromise depuis l'annulation de la session du 8 juin dernier. "Une réunion du conseil national est impossible actuellement. Nous sommes malheureusement retombés dans la crise", a lâché un dirigeant du parti rencontré récemment. Notre interlocuteur avoue ne pas voir le "bout du tunnel" et estime que, pour l'instant, "aucune activité organique n'est tenable". En plus des conditions politiques qui doivent être réunies, la tenue d'un congrès doit se faire également après l'épuration du fichier organique. Or, selon des sources internes au FFS, la direction actuelle "ne s'est pas occupée de ce sujet" et le fichier militant doit être refait de fond en comble. Une tâche que devra accomplir la commission de préparation du congrès. Problème : cette instance, installée en 2021, ne s'est jamais réunie pour l'instant. Légalement, le 6e congrès du FFS devait se tenir en 2018, soit cinq ans après celui de 2013 qui avait décidé d'installer une direction collégiale pour remplacer le poste de président qu'occupait le défunt Hocine Aït Ahmed jusqu'à sa démission, en 2012. Mais depuis le 5e congrès, cette instance présidentielle s'est avérée plutôt un élément de blocage puisque des dissensions entre ses membres avaient poussé les responsables à recourir à des congrès extraordinaires pour remplacer certains de ses membres. Et, à chaque fois, les tiraillements prennent le dessus et poussent le parti à se séparer de plusieurs de ses cadres et militants. Depuis 2013, beaucoup de militants, y compris des députés et sénateurs, ont été en effet exclus des rangs du parti pour s'être opposés à la direction en place. Un scénario que veulent éviter beaucoup de cadres et membres du secrétariat national, qui s'opposent aux choix de la direction mais souhaitent en même temps éviter une nouvelle fracture au sein d'un parti qui connaît régulièrement des soubresauts. La question qui reste pour l'heure sans réponse est de savoir si les responsables actuels du FFS seront en mesure de transcender leurs clivages pour remettre de l'ordre dans un parti appelé à adapter sa stratégie aux mutations que connaît le pays. Un pari à mesurer à l'aune de la tenue du congrès, qui débouchera sur la naissance de nouvelles instances.