Après plus de huit heures de discussions, les responsables du Front des forces socialistes ont pris la décision, mercredi dernier, de participer aux élections sénatoriales prévues le 5 février prochain. Prise en dehors du conseil national, cette décision ne manquera pas de laisser des traces. Cela faisait des semaines que les dirigeants du FFS tentaient de trouver un compromis pour pouvoir participer aux sénatoriales du 5 février prochain. Pour le premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, et des responsables de l'instance présidentielle, notamment Hakim Belahcel, il fallait trouver le moyen de convaincre les membres du conseil national de la nécessité de participer à cette échéance. La tâche n'était pas facile, d'autant que le choix est fortement contesté. Le 25 décembre 2021, une première réunion destinée à faire le bilan de la participation du parti aux élections locales et pour trancher la question de la participation à l'élection sénatoriale n'avait pas pu se tenir faute de quorum. Le rendez-vous a alors été pris pour le 8 janvier. Là encore, malgré une présence suffisante de militants, la rencontre a été annulée. En effet, après plusieurs heures de bras de fer entre des membres de la direction et d'autres cadres au sujet de trois militants dont la présence posait problème, la session du conseil national n'a pas pu se tenir. Pour certains membres de l'organe délibérant du parti, la présence de ces militants, que la direction juge comme étant exclus des rangs de la formation politique, n'était qu'un prétexte afin d'éviter d'affronter les membres du conseil national, majoritairement opposés à la participation de leur parti aux élections sénatoriales. "On ne peut pas, objectivement, boycotter les élections législatives et participer à celles du Sénat", objecte un membre du conseil national avec un brin d'amertume. Et puis, pour beaucoup de cadres du FFS, une participation aux élections portant renouvellement des membres du Sénat n'aurait "aucun sens" puisque dans le meilleur des cas, le parti ne pourrait glaner que les deux sièges de Tizi Ouzou et de Béjaïa. Et il est très probable que ce soient les deux actuels présidents des deux APW, Youcef Aouchiche et Mehenni Haddadou, qui se porteront candidats. Le consensus n'ayant pas été obtenu, la direction du parti a décidé d'ajourner la réunion du conseil national sine die. Mais le temps presse et il fallait trouver un moyen de faire valider la décision de participer aux sénatoriales tout en évitant un débat houleux au sein du conseil national qui risquait de rééditer le scénario des législatives. Un consensus s'est alors dégagé sur la tenue d'une réunion de l'instance présidentielle élargie aux membres du secrétariat national. Rendez-vous a été pris pour le 12 janvier, jour de l'an berbère. Deux groupes se sont retrouvés au siège du parti pour discuter, en fin de compte, que d'une seule question : la participation à l'élection sénatoriale. Au bout de huit heures de débat, le clan des participationnistes a fini par avoir le dernier mot. "Ils ont assumé le choix de violer les statuts du parti", a indiqué un cadre présent. Les opposants à ce choix de participer aux sénatoriales ont préféré abdiquer pour "ne pas briser le parti". Mais ils savent que ce choix "aura de lourdes conséquences" sur la cohésion d'une formation politique, déjà fortement ébranlée par des années de tiraillements internes. Le choix de participer aux sénatoriales étant entériné, il reste désormais aux responsables du FFS de recoller les morceaux. "C'est une nouvelle crise que traverse notre parti", se désole un membre de la direction de la formation politique, qui ne sait plus quand cette crise connaîtra son épilogue. Mais au-delà des sénatoriales, le principal enjeu, dans l'immédiat, est l'organisation d'un congrès "rassembleur". Or, le pari n'est pas gagné et aucune échéance n'est fixée pour la tenue de la première réunion organique depuis le décès de Hocine Aït Ahmed. Le dernier congrès du FFS date de 2013. Cela fait déjà neuf ans.