Mettant à profit la visite du Premier ministre marocain à Madrid, le président du gouvernement espagnol a emboîté le pas à Jacques Chirac en insistant, jeudi, sur la nécessité de trouver rapidement un accord sur la question sahraouie dans le cadre onusien. Devant la multiplication des manifestations anti-marocaines dans les territoires sahraouis, Madrid revient à la charge et demande au Maroc d'agir rapidement pour trouver dans les meilleurs délais une solution afin d'aboutir au règlement du dossier. Au cours de la conférence qui a suivi les entretiens entre les deux Chefs de gouvernement, jeudi, Jose Luis Rodriguez Zapatero a déclaré que l'Espagne sera toujours un “acteur constructif” et s'efforcera de faciliter le processus de solution du conflit du Sahara occidental “qui doit être dirigé par les Nations unies”. “Ce n'est que dans un climat de confiance qu'une solution acceptable pourra être approuvée par tous”, a lancé le Premier ministre ibérique en direction de son homologue marocain en faisant allusion aux troubles que connaissent plusieurs villes sahraouies depuis la fin du mois de mai. Les deux hommes ont évoqué les manifestations en question. Driss Jettou, le Chef du gouvernement marocain, s'est limité à mettre cela sur le compte de “quelques dizaines, quelques centaines au maximum de personnes”. Sur le point du refus du royaume alaouite d'autoriser des délégations espagnoles de visiter les villes du Sahara occidental, Jettou dira : “Le Maroc est un pays ouvert, mais également un Etat souverain.” Il ajoutera : “Nous n'acceptons pas le fait accompli, surtout de la part de personnes connues pour leur hostilité à l'égard du Maroc.” Par ailleurs, le Premier ministre marocain rejettera la responsabilité de l'organisation d'une visite de parlementaires espagnols sur le Parlement marocain. Pour rappel, les groupes parlementaires espagnols ont posé un certain nombre de conditions à leur participation à un voyage au Sahara occidental. Ils réclament, notamment, de rencontrer des militants sahraouis et des membres du Front Polisario, de visiter des prisonniers politiques à la Prison noire d'El-Ayoun et de se rendre librement dans certaines localités. Aussi le président de gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique rappelle-t-il au chef de la diplomatie espagnole, Moratinos, que son pays demeure, au regard du droit international, la puissance administrante du Sahara occidental tant que le peuple sahraoui n'aura pas exercé son droit à l'autodétermination à travers un référendum libre et régulier organisé et supervisé par l'ONU. Cette réaction intervient après que le ministre espagnol des Affaires étrangères eut affirmé, mercredi dernier, devant le Parlement de son pays que “les Nations unies, et non le gouvernement espagnol, ont identifié, dans leurs résolutions et leurs textes, le Maroc comme puissance administrante”. La déclaration de M. Moratinos “ne correspond pas à la réalité et ne repose sur aucun fondement politique ou légal”, a précisé le gouvernement sahraoui. Dans ce cadre, l'avis de M. Corell, secrétaire général adjoint de l'Onu aux affaires juridiques, remis au Conseil de sécurité en janvier 2002, précise que “l'accord de Madrid de 1975 ne prévoyait pas de transfert de souveraineté sur le territoire ni ne conférait à aucun des signataires le statut de puissance administrante, que l'Espagne ne pouvait d'ailleurs unilatéralement transférer”. K. ABDELKAMEL