L'offensive contre notre pays est en train de se retourner contre lui. Rabat est en train de vivre une véritable débâcle après que Paris et Madrid eurent décidé de s'aligner sur la position algérienne, conforme au droit international et aux résolutions onusiennes prises en ce sens. Ainsi, le président français, Jacques Chirac, a-t-il réitéré hier, au Premier ministre marocain, Driss Jettou, que le conflit du Sahara occidental, l'un des plus anciens en Afrique, devait être réglé «dans le cadre de l'ONU». C'est ce qu'a rapporté le porte-parole de la présidence, Jérôme Bonnafont. MM.Chirac et Jettou, qui avaient inauguré ensemble dans la matinée une conférence internationale sur la microfinance, se sont entretenus à la mi-journée au palais de l'Elysée. Or, il ne fait aucun doute que cette visite s'inscrivait avant tout dans le cadre de la vaste offensive déployée en vue d'empêcher la tenue du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, tout en poussant le monde à croire que cette question pourrait être réglée dans un cadre bilatéral entre Alger et Rabat. La même démarche, tout aussi vaine il faut le dire, avait été entreprise précédemment auprès du Caire et de Madrid. Visiblement désarçonné par la riposte française qui, en langage diplomatique signifie une véritable gifle donnée par Chirac à Mohammed VI, le Premier ministre marocain n'a fait aucune déclaration à l'issue de l'entretien. Le communiqué de la Présidence française ne s'arrête pas là. Il aborde en effet frontalement la colonisation du Sahara occidental pour souligner que Jacques Chirac «a confirmé que la France est attachée au règlement de cette question dans le cadre des Nations unies». Le porte-parole de la Présidence française ajoute même que cette question avait été évoquée entre le chef de l'Etat français et le secrétaire général de l'ONU le 14 juin à l'Elysée. Kofi Annan a donc, lui aussi, été sensibilisé dans le sens positif par rapport à cette question. Le mandat de la Minurso, forces multinationales d'interposition, est prorogé tous les six mois à cause du refus marocain d'accepter la tenue d'un référendum. Le Maroc, définitivement isolé, ne fait que retarder une échéance inéluctable, contribuant par là-même à aggraver la crise interne qui le secoue. De fait, à voir la tournure que sont en train de prendre les événements dans la région du Maghreb, on serait carrément tentés de croire que les conseillers du Roi Mohammed VI sont en train de l'amener à se faire hara-kiri. Car il ne fait absolument aucun doute que tout ce qui est en train de se passer présentement dessert avant tout le Makhzen. Comment pourrait-il en être autrement alors que le monde entier fait bloc face au refus marocain de voir le peuple sahraoui décider librement de son sort par voie référendaire. Mieux, ou pire c'est selon, la planète entière assiste, ébahie, à un véritable projet de génocide en train d'être échafaudé par la soldatesque de Mohammed VI au niveau des territoires occupés contre le peuple sahraoui. Un peuple dont le tort suprême aura été de manifester pacifiquement dans le but de revendiquer ses droits légitimes, tels que garantis par de fermes et claires résolutions adoptées par le Conseil de sécurité onusien. Pour ceux qui auraient encore des doutes sur l'isolement total dans lequel le Maroc est en train de se plonger volontairement, il suffit juste de rappeler la sortie de l'ambassadeur espagnol à Alger, venu s'exprimer au nom de son gouvernement pour calquer littéralement sa position sur la nôtre. Cela n'est guère étonnant, partant du constat que le principe d'autodétermination, conforme au droit international, a déjà fait l'objet d'un large consensus, y compris de la part du Maroc, avant que celui-ci ne se rétracte sans fournir la moindre explication recevable. La sortie de Chirac est tout simplement venue achever une démarche d'avance vouée à l'échec. Aujourd'hui, les provocations dont est sujet notre pays sont aussi vaines que les manoeuvres déployées tous azimuts à travers le monde pour empêcher le peuple sahraoui de décider librement de son destin. Refuser de comprendre cela à temps, c'est accepter les terribles sanctions de l'histoire lorsqu'il sera impossible de faire marche-arrière et que la bombe à retardement de la crise marocaine éclatera à la figure des «illuminés» conseillers de Mohammed VI.