La Cédéao s'est contentée, lors de cette première rencontre, de suspendre le Burkina Faso et de demander la libération du président Kaboré et des autres responsables politiques en détention ou en résidence surveillée. Les soldats mutins qui ont opéré le coup d'Etat, lundi dernier au Burkina Faso, s'en sortent à moindre frais, pour l'instant. Le pays a été suspendu, hier, de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) à l'issue d'un sommet virtuel de cette organisation qui n'a pour l'instant pas décidé d'autres sanctions, a indiqué un participant à la réunion. La Cédéao, qui a demandé la libération du président renversé, Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée, ainsi que des autres officiels arrêtés, tiendra un nouveau sommet le 3 février à Accra, en présence cette fois des chefs d'Etat de la région, selon cette source. Le sommet a, par ailleurs, décidé de l'envoi aujourd'hui à Ouagadougou d'une mission des chefs d'état-major des armées de la Cédeao, qui sera suivie, lundi, d'une mission ministérielle. Jeudi soir, dans sa première allocution depuis sa prise de pouvoir, lundi, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait déclaré à la télévision nationale que "son pays avait plus que jamais besoin de ses partenaires". Disant comprendre les "doutes légitimes" suscités par le coup d'état, il a assuré que le Burkina Faso "continuera à respecter les engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l'Homme", en précisant que l'indépendance de la justice serait aussi "assurée". Le lieutenant-colonel Damiba s'est en outre engagé au retour à "une vie constitutionnelle normale, lorsque les conditions seront réunies", sans préciser d'agenda. Le règne du président Kaboré, particulièrement son second mandat, a été caractérisé par la conjugaison de deux facteurs qui ont provoqué la colère contre lui et signifié son échec dont se justifient d'ailleurs les auteurs du coup d'état. Les manifestations de colère qui ont marqué, ces dernières semaines, le pays se sont transformées à la faveur du putsch de lundi dernier en manifestations de joie saluant l'acte des soldats. Le président Kaboré a échoué à restaurer la sécurité et la stabilité du pays devant des groupes terroristes toujours plus actifs et dont les attaques ont provoqué des drames et l'exode de 1,5 million de personnes. En plus de la colère de la population contre la dégradation de la situation sécuritaire, les soldats sont également montés au créneau pour dénoncer le manque de moyens adéquats pour mener à bien la lutte antiterroriste. Les groupes terroristes ont commis de grands massacres comme à l'Inta, alors que les responsables politiques se sont murés dans une sorte d'indifférence coupable. Parce qu'aussi incapables de répondre aux sollicitations des services de sécurité. L'autre facteur est social, et lié au niveau de vie de la population dont le pouvoir d'achat a drastiquement chuté. Les salaires n'ont pas évolué depuis 2008 alors que des pans entiers de travailleurs ne perçoivent pas régulièrement leurs salaires. Un cocktail qui fatalement devait exploser devant un pouvoir qui a montré les limites de sa compétence.