Le groupe Eriad d'Alger traîne des dettes estimées à plus de 1,5 milliard de dinars. La plupart des filiales sont incapables de payer les arriérés de salaires. Devant l'incapacité de faire face à la situation particulièrement difficile que traversent ses sept filiales qui n'arrivent plus à assurer le payement des salaires aux 1 700 travailleurs qu'elles emploient, le groupe Eriad d'Alger a décidé de recourir au volet social pour dégraisser les effectifs. C'est ce qui ressort d'une récente instruction datée du 30 octobre dernier signée par le P-DG du groupe Eriad d'Alger, envoyée aux P-DG des sept filiales de la région Centre (Blida, Alger, Boumerdès, Bouira et Tizi Ouzou). Dans un document de trois pages, il est demandé aux P-DG de “mettre en œuvre, dans un échéancier qui ne saurait excéder le 15 novembre 2005, les démarches indispensables pour permettre aux effectifs éligibles d'émarger au volet social par le biais de la Caisse nationale d'assurance-chômages Cnac”. Les filiales qui ne sont pas dotées de plan de charge seront les plus touchées par ces mesure car le document leur préconise, avant de compresser les effectifs pléthoriques, de “maintenir une administration réduite pour veiller à la continuité du fonctionnement de celle-ci et maintenir les effectifs du gardiennage et de maintenance des installations industrielles”. Pour celles ayant encore un plan de charge, le P-DG du groupe les invite “à définir le seuil d'activité de la filiale pour déterminer la norme en matière d'effectif et à revoir l'organigramme et la taille de l'organisation en expurgeant la démultiplication des services administratifs et procédant au regroupement homogène des fonctions dans un souci d'intégration”. Quant au financement induit par ce volet qui se chiffre à des milliards de dinars, il sera pris en charge par “les fonds résultant de la vente du terrain de Corso”, précise le document. Les représentants des travailleurs ont prévu de tenir plusieurs réunions pour examiner cette situation, la première sera tenue aujourd'hui à Alger et une autre se tiendra au siège de la fédération. Les responsables du groupe, qui ont été vraisemblablement contraints de prendre ces mesures radicales et douloureuses pour les travailleurs, considèrent que la mise en œuvre de ce plan de “redimensionnement” des effectifs est une démarche fondamentale qui s'inscrit dans une opération visant la sauvegarde du groupe. Par ailleurs et selon une étude élaborée par le groupe en 2003 appelée “Plan de sauvetage du groupe Eriad d'Alger”, il est notamment indiqué que de telles mesures visent une restructuration profonde de l'outil de production et des effectifs, des mesures d'accompagnement financier et une mise à niveau des pôles de croissance (entités viables). Mais les recommandations de cette étude qui semblent avoir été reconduites aujourd'hui n'ont pas pu avoir les résultats escomptés comme c'est le cas des mesures d'externalisation par cession, au profit des travailleurs, des actifs dormant appartenant aux sept filiales. Voyant les résultats mitigés de ces opérations d'adaptation de l'effectif aux pôles industriels existants, le groupe a jugé utile de multiplier les accords de processing avec des opérateurs privés pour assurer les salaires des travailleurs. Reste à savoir si le groupe Eriad d'Alger qui traîne des dettes estimées à plus de 1,5 milliard de dinars et dont la plupart des filiales sont incapables de payer ni les arriérés de salaires, ni la Cnas, ni l'électricité, soit en mesure de financer le volet social. En tout cas, cette décision lourde de conséquence pour les centaines de travailleurs ne sera assurément pas bien vue par les syndicalistes du groupe et ceux des filiales concernées d'autant plus que certains représentants de travailleurs voient déjà, en cette décision, un prélude pour la mise à mort des Eriad. Pour eux, cet assainissement est “une exigence de certaines entreprises privées qui veulent racheter nos outils de travail et pourtant ce sont ces mêmes entreprises qui sont à l'origine de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent nos filiales”, précise un syndicaliste. “Nous avons toujours exigé, aux pouvoirs publics, un cahier des charges pour ces entreprises privées qui nous imposent une concurrence déloyale, mais rien n'est fait”, s'interroge un cadre de l'entreprise qui ajoute que tous les groupes de l'Eriad sont en danger du fait de l'anarchie qui règne dans le secteur agroalimentaire où plus de 300 minoteries appartenant notamment à des privés ont généré une surproduction allant de 3 à 4%, asphyxiant ainsi le marché et causant par la même la faillite des filiales de l'Eriad. M. T.