Résumé : Mordjana écoute le récit de sa grand-mère. Son aïeule a connu elle aussi l'amour partagé. On avait refusé d'accorder sa main à l'homme qu'elle aimait. Pourtant, un jour, alors qu'elle était déjà mariée et attendait un enfant, elle rencontre l'élu de son cœur. Cet instant restera à jamais gravé dans son cœur. Elle revient vers sa petite-fille et lui demande de lui révéler ses angoisses. Elle hausse les épaules. - Ne fais pas attention à ce qu'elle raconte. Elle est déjà assez ébranlée par son existence et ne voit en toi qu'une intruse. Peut-être qu'elle avait déjà une femme en vue pour son fils. - J'ai cru comprendre qu'avant notre mariage Samir devait se fiancer à une jeune fille de sa promotion. Nos pères respectifs avaient mis fin à ce projet. - Mais vous avez réussi à trouver un terrain d'entente tous les deux. Le passé est derrière vous. - C'est ce que je ne cesse de me répéter. Mais si on n'arrive pas à concevoir un enfant, je sais que notre ménage ne tiendra pas le coup. - Ne dis pas ça, Mordjana. Moi, je voudrais attirer ton attention sur autre chose : ton mari était-il au courant de tes consultations chez les gynécologues ? - Non. Je ne voulais pas qu'il le sache. J'ai pris cette initiative toute seule. - C'est bien, ma fille. Mais tu devrais savoir qu'un enfant se conçoit à deux. Samir est peut-être le premier coupable dans cette affaire. Mordjana ouvre de grands yeux étonnés. - Samir ? Tu crois ? - Bien sûr. Les hommes ne sont pas non plus épargné par les anomalies anatomiques ni par les maladies. Pourquoi accuse-t-on donc toujours la femme lorsqu'on n'arrive pas à concevoir un enfant ? - J'avoue que je n'y ai pas pensé, grand-mère. - Oui. Je l'ai compris. Tu as tenté toute seule l'aventure des médecins. Elle se met à réfléchir puis reprend : - Tu devrais aborder sérieusement ce sujet avec ton mari, Mordjana. Si dans quelques mois tu ne tombes pas enceinte, exhorte-le à consulter un médecin. Tu seras alors fixée sur ta destinée. Mordjana soupire. - Je pensais que la vie avait enfin eu pitié de moi après toutes les épreuves du passé. Je suis heureuse avec Samir. Ma tache de vin n'empoisonne plus ma vie. J'ai suivi des formations et j'ai un boulot qui m'assure un salaire convenable et me met définitivement à l'abri du besoin. Hélas ! Il fallait que cette "malédiction" tombe tel un couperet sur mon bonheur. - Pourquoi parler de malédiction, Mordjana ? Ce n'est peut-être qu'une question de temps. La nature aussi a ses caprices. Il faut savoir être patient dans la vie. Je connais plus d'une femme qui s'était cru stérile et avait eu un enfant au moment où elle s'y attendait le moins. - Je n'aimerais pas avoir des enfants à 40 ou 50 ans. C'est maintenant que j'ai encore la force et la patience de les élever. Plus tard, ce ne sera pas convenable. Sa grand-mère secoue la tête. - Dieu fait ses calculs à sa manière. Nous devons nous incliner devant Sa volonté. Cependant, je ne parlerais pas de stérilité tant que Samir n'a pas vu un médecin. - Pourquoi un médecin ? Elles se retournent toutes les deux pour se retrouver face au jeune homme. - Samir ? Je pensais que tu discutais avec grand-père. - C'était le cas. Il est allé faire ses ablutions. Alors, de quoi parle-t-on, et pourquoi dois-je voir un médecin ? - Euh... je... tu as entendu notre conversation ? - Pas tout à fait. Mais j'ai entendu la dernière phrase. Je dois voir un médecin... - Euh... je parlais du voyage. Elle regarde sa grand-mère et poursuit : - Tu... tu étais si mal en point hier que je voulais te demander d'aller voir un médecin. N'est-ce pas, grand-mère ? Cette dernière lève les yeux vers Samir et sourit. - Comment te sens-tu aujourd'hui, mon fils ? - Oh ! Très bien. J'ai passé une très bonne nuit et je peux dire que j'ai déjà oublié les aléas du voyage. - Mais tu n'es pas encore habitué à notre climat et la chaleur t'incommode. - Oui. Je trouve que vous supportez l'enfer. - Nous sommes nés ici et habitués au climat des lieux. Rien n'est fait au hasard, mon fils. Le créateur dans Sa sagesse a donné à chaque être les capacités de s'adapter à toutes les situations. Il acquiesce. - Je le conçois, grand-mère. Je me disais aussi qu'il était temps d'aller visiter la ville qui avait vu naître Mordjana. Je ne pouvais pas rester éternellement à l'écart de sa famille.
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