Résumé : Le week-end dans sa famille n'a pas été aussi mauvais qu'elle le craignait. Mordjana repense à la journée passée chez sa grand-mère et se dit qu'en fin de compte elle a bien fait de venir. Depuis qu'elle s'est confiée à cette dernière, le fardeau est plus léger à porter. Samir consentira-t-il à se rendre chez un médecin ? Seront-ils enfin fixés sur leur sort ? Sa voix la tire de ses méditations. Elle se retourne vers lui et sourit. - Tu as aimé ma ville natale ? - Bien sûr. Je reviendrai sûrement une autre fois avec toi pour la découvrir davantage. Le séjour a été trop court cette fois-ci et je n'ai pu visiter que quelques endroits avec Laïd. - Mais la chaleur t'a incommodé. - Oh ! Le premier jour certes, mais ensuite j'ai compris qu'il faut éviter les grandes heures de la journée, boire beaucoup d'eau et ne jamais sortir sans se couvrir la tête. Elle se met à rire. - Tu as appris tout ça aussi rapidement ? - Bien sûr. J'ai bien épousé une fille de la région, n'est-ce pas ? Elle rit encore. - Samir, tu es extraordinaire. Grand-mère t'a beaucoup apprécié, et grand-père ne voulait plus te lâcher. - Braves gens. Ils m'ont reçu comme un roi. Je n'oublierai jamais leur hospitalité. Mordjana soupire. - Ce n'était pas le cas pour ma mère. Il hausse les épaules. - Ne pense plus à ça. La mienne non plus n'a pas été tendre avec toi au début de notre mariage. - Pour elle, cela se comprenait. Elle voulait peut-être quelqu'un de mieux pour toi. Mais ma mère n'avait aucun argument valable, n'était une jalousie mal placée. - Tu penses vraiment que ta mère est jalouse de toi ? - Oui. Enfin, pas exactement. Elle est plutôt offusquée. Elle pense que la vie ne lui a rien offert de bon. Son mari la délaisse, ses enfants grandissent et commencent à quitter un à un la maison, et moi, le laideron de la famille, je tombe sur un mari qui s'occupe de moi et me rend le sourire. À la vue de notre couple, elle n'a pu maîtriser ses émotions. Grand-mère m'a assuré que cela lui passera. Je ne sais pas quand. Mais j'espère qu'à notre prochaine venue elle sera plus agréable avec toi. Il soupire. - Elle est comme elle est. On ne peut pas changer les caractères, Mordjana. Ta mère s'adoucira avec le temps. Ton père et le mien sont des monstres. Ils ont détruit eux-mêmes leurs foyers. Elle sourit. - Mais, tout de même, reconnaissons que c'est grâce à eux que nous sommes ensemble et...heureux. La voix chevrotante et hésitante de sa femme n'a pas échappé à Samir, qui se redresse sur son siège pour demander : - Pourquoi m'avais-tu emmené en visite chez le saint de la région ? Elle garde le silence un moment, puis se tourne vers lui et le regarde dans les yeux. - Pour qu'il exauce mon vœu le plus cher : avoir un enfant de toi, Samir. Il la contemple un moment, puis lui serre la main. - Tu crois que je ne suis pas au courant de tes préoccupations, ma chérie ? J'ai même découvert quelques médicaments dans ta trousse de toilette et une ordonnance, et j'ai compris que tu t'es déjà rendue chez un gynécologue. Prise de cours, Mordjana tente de protester, mais il serre davantage sa main dans la sienne. - Ne t'en fais pas. Je ne te fais aucun reproche. Mais tu aurais pu m'en parler, et nous aurions affronté ce problème tous les deux. Moi aussi, je rêve d'avoir des enfants, figure-toi. Sa tension se relâche, mais son cœur se met à battre et la sueur inonde tout son corps. Mordjana ne s'attendait pas aux révélations de son mari. Elle a pourtant tout fait pour qu'il n'apprenne rien sur ses consultations chez les gynécologues. Maintenant qu'il sait tout, il va douter de sa confiance en lui. - Tu m'en veux, Samir ? demande-t-elle d'une voix à peine audible.
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