Depuis quelques jours, la Covid-19 ne fait plus la une des médias algériens et internationaux. Supplantée par l'évolution de la guerre que la Russie livre à l'Ukraine, la pandémie a également reculé dans la hiérarchie de l'actualité en raison de la baisse importante des contaminations enregistrées et de la pression qui pesait sur les établissements de santé depuis décembre dernier. Même s'il convient de les appréhender avec beaucoup de précautions parce qu'elles ne prennent en compte que les résultats des tests PCR, les statistiques livrées par les autorités sanitaires donnent la mesure du recul de la pandémie : 72 nouveaux cas enregistrés, ce 26 février, contre plus de 2 000 contaminations un moins plus tôt, soit le 26 janvier 2022. Un net recul qui a permis au ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, il y a quelques jours déjà, d'appeler les établissements hospitaliers à un retour graduel à la normale. Le ministre n'en a pas moins souligné la nécessité de rester vigilants tout en reconduisant les mesures de protection et de prévention, de garantir un stock suffisant de médicaments, de moyens de protection et de lits et d'assurer la disponibilité de l'oxygène. Abderrahmane Benbouzid et tous les professionnels de la santé le savent, le danger continue de rôder et de menacer la santé publique. "On ne peut pas éliminer ce virus. Nous sommes face à une zoonose, c'est-à-dire un virus qui circule parmi les êtres humains et les animaux", explique Nesrine Maharzi, docteur en recherche biologique établie en France. "L'expérience des pandémies précédentes nous a appris que les virus finissent par muter et cumuler des variants qui, souvent, sont plus contagieux, mais moins dangereux", ajoute-t-elle. Autrement dit, l'humanité doit se préparer à affronter d'autres vagues du virus, mais celui-ci sera moins létal. "Le virus évolue de façon rassurante", affirme-t-elle encore, en soulignant, quelque peu agacée, que le rôle du scientifique n'est pas de prédire l'avenir, mais de traiter et d'analyser des données biologiques. Nesrine Maharzi, qui rappelle que la pandémie de Covid-19 n'a finalement pas d'impact réel sur l'espérance de vie — "le bouleversement démographique tant redouté ne s'est pas produit" —, plaide pour le contrôle et la surveillance chez les animaux qui servent de réservoirs naturels du coronavirus. Un point de réflexion dans le cadre de la lutte contre cette pandémie, dit-elle, pour pouvoir maîtriser la circulation du virus à défaut de le neutraliser. En tout état de cause, malgré le reflux de la pandémie, la prudence doit prédominer dans la société et les mesures de prévention générales recommandées par les autorités sanitaires doivent être respectées. Les professionnels de la santé, en première ligne de la lutte contre la Covid-19, ne cessent de le répéter en regrettant l'attitude, aussi désinvolte qu'inconsciente, d'une grande partie de la population.