L'Algérie n'a d'autre choix que d'imposer un confinement total pour casser la chaîne de contamination et éviter ainsi la propagation du coronavirus. C'est le message que Nesrine Maharzi, docteur en biologie (expertise biologie moléculaire et cellulaire, immunologie, virologie et recherche clinique) installée en France, vient de lancer en direction du gouvernement algérien et des hautes autorités sanitaires. "Le confinement total est devenu le seul rempart contre la propagation du virus et le risque d'une pandémie en Algérie", a-t-elle affirmé à Liberté au cours d'un entretien téléphonique, en exhortant les décideurs à ne pas suivre l'exemple des pays qui ont choisi de procéder par confinement partiel. "Plusieurs experts internationaux, médecins spécialisés, infectiologues, virologues, épidémiologistes et spécialistes en modélisation, considèrent que c'est désormais la seule solution pour enrayer cette épidémie et empêcher un scénario à l'italienne marqué par un record mondial du nombre de décès devant la Chine (…)", a-t-elle également écrit dans un post publié ce 21 mars sur les réseaux sociaux en expliquant que faute d'avoir mis en quarantaine sa population dès le 22 février, lorsqu'elle avait enregistré ses deux premiers morts, l'Italie déplore aujourd'hui plus de 4 000 décès. "Ils avaient procédé par cluster, c'est-à-dire par le confinement des régions touchées, alors qu'ils auraient dû l'imposer sur tout le pays", a-t-elle rappelé, en affirmant que "le temps nous est compté face à ce virus qui se propage de manière exponentielle. C'est une course contre la montre que nous devons mener". Nesrine Maharzi précise également que les statistiques sur le nombre des personnes infectées pourraient ne pas refléter la réalité de la situation. Si le nombre de décès ne peut pas être contesté, le doute demeure sur celui des porteurs du virus, particulièrement les porteurs sains. "Le test de dépistage est réalisé uniquement sur les cas symptomatiques en excluant les personnes potentiellement positives mais ne présentant pas de symptômes, autrement dit les porteurs sains." Par conséquent, le mode d'évaluation du nombre de cas réels est "totalement biaisé" et ne représente pas le niveau de propagation du virus. L'experte en biologie s'inquiète également de la facilité de mutation du virus : "D'autres souches du virus pourraient se développer (…) plus ou moins contagieuses et plus ou moins pathogènes." Ce qui rend très difficile, voire impossible, de déterminer sa vitesse de transmission, sa contagiosité et son taux de reproduction. "Voilà pourquoi en l'absence de données fiables, nous devons appliquer des mesures de confinement et d'endiguement du virus les plus drastiques et cela le plus vite possible", écrit-elle encore en soulignant que cette mesure est d'autant plus urgente que le système de santé algérien serait désarmé face à une épidémie. "Seul un confinement total nous permettrait d'atteindre un pic de contamination et d'éviter la saturation de nos hôpitaux et l'incapacité de prendre en charge les nouveaux cas", a-t-elle insisté. Ainsi, Nesrine Maharzi joint sa voix d'experte à toutes celles qui se sont élevées ces derniers jours pour appeler les autorités algériennes à prendre les mesures pour imposer un confinement drastique, seule planche de survie pour les Algériens.