Le nouveau président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme s'élève contre l'exclusion par les pouvoirs publics des ONG du traitement de toutes les questions liées aux droits des individus, notamment les conditions de séjour des détenus et leur insertion. Liberté : Le directeur général des établissements pénitentiaires soutient que les organisations de défense des droits de l'Homme sont autorisées à visiter les prisons. En avez-vous fait la demande ? Me Hocine Zehouane : Depuis que nous existons, nous avons toujours revendiqué le droit de visiter les prisons. Mais à chaque fois, le ministère de la Justice nous oppose un silence sidérant. Il n'ose même pas nous répondre par écrit de peur d'entrer dans une polémique. Cette attitude s'applique à l'ensemble des relations entre le ministère de la Justice et les organisations de défense des droits de l'Homme. On nous met en marge parce que nous dérangeons. En revanche, il a recours à des associations caritatives qui n'ont pas la prétention de changer les choses. Le point noir du système carcéral est en rapport avec le recours abusif à la détention préventive. De leur côté, les autorités assurent que le nombre de prévenus est en baisse. Partagez-vous cette appréciation ? Une grande partie des prévenus ne mérite pas d'aller en prison. Ils ont le droit de comparaître libres, surtout quand il s'agit de primaires qui ont un statut social et une domiciliation. Or, les juges sont formés avec des œillères. Pensez-vous qu'actuellement, les conditions de détention favorisent l'insertion sociale des détenus ? C'est très insuffisant. Certes, il y a un code pénitentiaire fait sur le modèle libéral, mais dans les prisons la réalité est tout autre. À l'extérieur, l'état de la société ne favorise pas la réinsertion. Si l'on n'arrive pas à insérer les gens qui sont dehors en leur procurant travail et logement, comment voulez-vous insérer un ex-détenu ? L'ampleur de la récidive montre que les prisonniers, une fois libérés, ne sont pas pris en charge. Selon vous, comment réussit-on une véritable politique d'insertion ? Il faut de véritables programmes. Les organisations de défense des droits de l'Homme et le mouvement associatif doivent avoir la possibilité d'exercer une surveillance sur les pouvoirs qui sont chargés de gérer les détentions. Il est louable d'organiser des séminaires, mais peut-on les tenir sans faire appel aux organisations des droits de l'Homme et aux praticiens du droit. Dans nos perspectives, nous allons poser le problème du droit des ONG à visiter les prisons. Propos recueillis par S. L.