En raison des inconvénients que présentent les moyens traditionnels de lutte contre le ver de la datte qui affecte le produit phoénicicole, les pouvoirs publics, à travers le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, viennent de passer à une autre étape dans ce combat afin d'aboutir à limiter les dégâts importants causés annuellement à la récolte de dattes. C'est à l'Institut national de protection des végétaux (INPV) qu'a échu la tâche de mener un programme de lutte contre ce ravageur, avec la coopération de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA), en utilisant la technique de stérilisation des insectes (TIS). Pour les responsables du ministère de l'Agriculture, cette technique, déjà développée contre la mouche du bétail, la mouche des fruits et le ver des pommes dans plusieurs pays (Mexique, Canada, Nicaragua...), a pour avantage de pouvoir contribuer à la résolution du problème sans atteinte à l'équilibre oasien qui pourrait souffrir de l'intervention chimique employée jusque-là. Au cours de la visite qu'il a effectuée dans la wilaya de Ghardaïa, à l'occasion de la Fête nationale de la datte, le ministre de l'Agriculture, M. Saïd Barkat, a procédé dimanche au lâcher de centaines de ce type d'insectes dans le périmètre agricole de Zelfana, situé à une soixantaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. Selon les explications fournies sur place à la délégation ministérielle par M. Dridi, chef de l'équipe de recherche de l'INPV, et M. Yefsah du Haut-Commissariat à l'énergie atomique, cette nouvelle méthode de lutte repose sur l'utilisation du ver de la datte comme agent de sa propre destruction, d'où l'appellation d'“autocide” donnée à ce procédé. La stratégie fait appel à un processus qui débute avec la production en masse de la pyrale en installation contrôlée. Les mâles de cet insecte nuisible sont ensuite irradiés à l'aide de rayons gamma à des doses suffisantes pour les rendre stériles, sans pour autant affecter leur capacité biologique à s'accoupler. Les mâles rendus stériles par les rayons seront lâchés dans les palmeraies à protéger et entreront en compétition avec les mâles sauvages non stérilisés pour l'accouplement avec les femelles. Ces dernières accouplées avec les mâles stérilisés en laboratoire pondront des œufs également stériles. La méthode, répétée autant de fois que l'exige le besoin, permet donc de réduire progressivement cet insecte nuisible. Lors du lâcher effectué à Zelfana, le ministre de l'Agriculture, qui a tenu à rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce projet, a estimé que les résultats obtenus dans ce cadre “sont la preuve que l'Algérie continue à accorder une importance capitale à l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins strictement civiles”. Le protocole en question a été mis en application en 2000, et, en cinq années, l'équipe de recherche a pu aboutir à la maîtrise de la technique et à passer à la phase active et opérationnelle du projet. Après l'essai réalisé à Zelfana, les initiateurs du programme se fixent comme objectif à moyen terme d'arriver à produire des mâles stérilisés de cet insecte en quantités industrielles de sorte à pouvoir procéder à des lâchers “inondatifs” simultanément dans toutes les palmeraies des wilayas du Sud et jusque dans les pays maghrébins concernés par ce fléau agricole que M. Berkat n'hésite pas à qualifier de “ver de la honte” (doudat el âar). Cela, bien sûr, en référence à la présence du ver à l'intérieur de la datte et que l'on découvre en ouvrant le fruit. Mais, pour le moment, les structures affectées au projet sont jugées insuffisantes pour mener à bien cette mission. Le ministre a donc été sollicité pour apporter un soutien pour la mise en place d'une unité à même de répondre aux besoins exprimés. Hamid Saïdani