Des experts recommandent la mise en place d'une agence de sécurité des systèmes d'information. L'Algérie doit se doter de moyens pour sécuriser sa transition numérique. C'est ce que les professionnels en cybersécurité ont recommandé, lors de la première conférence sur les enjeux de la cybersécurité en Algérie, organisée, avant-hier, à l'hôtel El-Aurassi, par la société Intelligent Network (Inet), en présence, notamment, du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Economie de la connaissance et des Startup, Yacine El-Mahdi Oualid. Il est important, a suggéré Mehdi Gaouar, experts en cybersécurité, "d'avoir une agence de sécurité des systèmes d'information" de type ANSSI en France ou aux Etats-Unis. Pour la présidente d'Inet, Fella Gaouar, "l'Algérie doit se doter de moyens pour assurer sa transition numérique en mesure d'arrimer son économie à l'économie mondiale". Cependant, souligne-t-elle, "cette transition nécessite, pour notre pays, le développement d'un écosystème économique et numérique de plus en plus dynamique". Elle nécessite également, en sus d'une infrastructure adéquate, des compétences humaines qualifiées. Toutefois, fait remarquer Fella Gaouar, "si la numérisation offre une multitude d'opportunités dont nous devons tirer profit comme l'augmentation des revenus et l'amélioration de la qualité de vie de nos concitoyens, elle demeure une source de menaces". Ces menaces, explique la présidente d'Inet, "sont diverses et destructrices", évoquant l'espionnage, la malveillance, la fuite de données, le blocage de sites avec exigence de rançons, l'extorsion de fonds, les procédés opaques et les menaces industrielles. "Il est de notre devoir de faire de la cybersécurité une véritable ligne de défense pour protéger notre pays, nos institutions, notre économie et nos citoyens, mais également pour assurer la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité de nos données", estime Fella Gaouar. "La menace du cyberespace et de nos données est donc devenue une question de souveraineté nationale", a-t-elle ajouté. Les menaces et les attaques, fait remarquer la présidente d'Inet, "sont aujourd'hui réelles et peuvent avoir des conséquences majeures sur nos organisations et notre pays. C'est pourquoi, il faut faire de la cybersécurité une véritable ligne de défense pour une Algérie numérisée et sécurisée, afin de préserver notre souveraineté nationale". Selon le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l'Economie de la connaissance et des Startup, Yacine El-Mahdi Oualid, le marché global de la cybersécurité représenterait plus de 120 milliards de dollars. C'est un marché de prédilection des startup. Le ministre indique que le nombre de startup créées en Algérie et qui activent dans le domaine de la cybersécurité est faible. "Il ne dépasse pas 3% du nombre global des startup en Algérie", a-t-il fait savoir. Les experts ont mis en exergue les enjeux cruciaux auxquels l'Algérie est confrontée dans ce domaine, ainsi que de la démarche à suivre pour se prémunir contre toutes les cybermenaces potentielles. Ils ont présenté les stratégies de défense en cybersécurité et un éventail de solutions et d'outils permettant aux institutions, organisations et aux entreprises de renforcer la sécurité de leurs infrastructures et leurs données. Christophe Loba, expert en cybersécurité, a affirmé qu'aucun pays n'est épargné par les cyberattaques et de grands acteurs économiques ont été touchés. Selon Mehdi Gaouar, l'Algérie a été classée à la 104e place sur 182 pays sur la cybersécurité selon les données de l'ITU de 2020. Des mesures légales ont été mises en place, mais des efforts doivent être faits en matière d'organisation et de gouvernance. "L'élaboration d'une stratégie de cybersécurité est nécessaire", plaide Mehdi Gaouar. Il faut, également, renforcer la souveraineté numérique de l'Etat, des entreprises et des organisations, suggère l'expert, soulignant l'urgence de construire des data centers pour héberger les données confidentielles en Algérie.