Le directeur de la surveillance du territoire français, (DST) Pierre de Bousquet de Florian, a averti hier sur les ondes de la radio privée RTL du sérieux de la menace terroriste dans l'Hexagone. Démentant l'implication islamiste dans les émeutes qui ont embrasé, pendant trois semaines, les banlieues des grandes villes françaises à forte population originaire du Maghreb ou d'Afrique noire, le patron de la DST a néanmoins affirmé que des réseaux terroristes “sont à l'œuvre pour bâtir des projets hostiles” à la France. Dans cette optique, il fera remarquer tout de même : “Nous avons vu que certains islamistes surveillés par la DST observaient avec sympathie ce mouvement” mais “ce n'est pas leur combat, ils ne s'y sont pas impliqués”. Il ne manquera cependant pas de mettre l'accent sur la réalité de la menace dans l'Hexagone. “La menace terroriste en France est malheureusement une vraie préoccupation, à la fois parce qu'un certain nombre d'organisations nous ont désignés comme ennemi et d'autre part parce que nos propres investigations nous révèlent, chaque jour un peu plus, que des réseaux déjà constitués sont à l'œuvre pour bâtir des projets terroristes hostiles à notre pays”, a notamment déclaré Pierre de Bousquet de Florian. Ce dernier s'exprimait juste avant que les députés français n'entament, hier, l'examen du projet de loi antiterroriste présenté par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. Pour le chef du contre-espionnage français, l'insurrection irakienne a constitué “une pompe aspirante à tous les aspirants djihadistes” dans la formation d'une nouvelle génération d'islamistes. Il confirme ainsi les analyses d'observateurs avertis des développements engendrés par la guerre en Irak sur la scène internationale régulièrement secouée par des attentats terroristes d'envergure. Le directeur de la DST estime que le danger est tout aussi grave quand les terroristes décident de revenir chez eux. Selon lui, “s'ils reviennent, ils sont aguerris et assez déterminés pour présenter une menace sur notre territoire. Nous ne voulons pas que la France devienne une terre de djihad”. Il ne manquera pas de révéler qu'“avec une régularité assez constante depuis deux ans, nous constatons des départs de jeunes Français ou de jeunes vivant en France pour l'Irak”. Pour bien étayer sa thèse, il rappellera l'arrestation au printemps à Montpellier d'un islamiste, rentré “de Syrie avec la volonté de commettre un attentat en Italie, mais vraisemblablement plutôt en France”. D'après lui, il ne fait aucun doute que “le but avoué était de commettre des attentats importants en France”. Plus rassurant, Pierre de Bousquet de Florian précisera néanmoins : “Nous avons une idée des dispositifs, une idée des filières et nous essayons d'intervenir chaque fois que nous le pouvons pour prévenir le départ de ces garçons vers l'Irak.” K. ABDELKAMEL