L'illisibilité des bulletins de vote a posé un sérieux problème aux électeurs de Khenchela. Hormis le nom du parti et la liste des candidats mentionnés en français et en arabe, ces bulletins ne portaient aucun signe distinctif de la formation (photo du président ou sigle du parti). Les votants, majoritairement, ne sachant ni lire ni écrire (notamment les femmes et les personnes âgées), avaient du mal à suivre la consigne de la famille, une fois seuls dans l'isoloir. Les responsables locaux du FLN et du RND, ayant réalisé, la veille au soir, la difficulté que rencontreront inévitablement leurs électeurs, ont tenté de négocier avec l'administration la possibilité de faire accompagner les votants analphabètes par un membre de la famille qui les aiderait à mettre le bon bulletin dans l'urne. C'est du moins ce que nous avons appris auprès de M. Tellous Lekhmissi, tête de liste FLN à Babar. Il s'est avéré, effectivement, que dans certains centres de vote, les femmes ont été autorisées à se présenter à l'urne avec un enfant ou un membre féminin de la famille. Dans d'autres, les encadreurs ont orienté personnellement les électeurs en détresse. “Si on nous demande de montrer le bulletin d'un tel ou tel parti, nous le faisons. Mais nous n'avons à aucun moment tenté d'influencer leur choix”, déclare le chef de centre Guerfi Rabei à Aïn-Djerboua. Le FLN et le RND, qui ont eu la chance d'avoir leur bulletin mis aux deux extrémités, disent aux citoyens de mettre le bulletin de gauche ou de droite. “C'est au hasard d'un tirage au sort que nous avons bénéficié d'un tel emplacement”, se défend Aïssa Bouzekri, chef de bureau RND à Babar. “L'administration nous a demandé de fournir les photos des têtes de liste pour les mettre sur les bulletins. Je ne sais pas pourquoi elle a changé d'avis”, rapporte M. Tellous. Le PT et le MSP ont choisi la voie de l'alliance. Ils ont envoyé des électeurs lettrés voter en premier. Ces derniers ont récupéré les bulletins non utilisés, donnés ensuite aux citoyens en difficultés. “C'est une fraude déguisée”, commente Slimane Yahia, directeur de campagne du parti de Louisa Hanoune à Babar. Quoi qu'il en soit, beaucoup de citoyens, interpellés à la sortie des centres, ont avoué avoir voté au hasard. S. H.