Le marché algérien des céréales compte beaucoup pour le Canada qui ne veut pas y renoncer en mettant les moyens nécessaires à cela. Principal fournisseur de l'Algérie en blé dur, le Canada souhaite garder, selon toute vraisemblance, cette place de choix dans ses relations commerciales avec notre pays, comme le démontre la rencontre organisée, hier à Alger, par l'Institut international du Canada pour le grain pour le compte de la Commission canadienne du blé. Ce séminaire, qui a regroupé les importateurs et les transformateurs nationaux de céréales, à leur tête l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), a été l'occasion pour les représentants canadiens d'exposer leurs visions par rapport au marché algérien, ainsi que les détails relatifs aux caractéristiques du blé de la récolte 2005. Certes, cette action a tout d'une opération de marketing et de charme à destination des clients algériens comme le font régulièrement les pays exportateurs, mais pour les organisateurs canadiens, la tenue de ce séminaire ne peut être interprétée ainsi, car, explique M. Jean-Benoît Gauthier, directeur commercial principal au sein de la Commission canadienne du blé (CCB), il existe “une relation de confiance” entre le Canada et l'Algérie qui remonte à l'indépendance de celle-ci. Le directeur général de l'OAIC, M. Mohamed Kacem, confirme, pour sa part, cette relation privilégiée entre les deux pays dans le domaine de l'approvisionnement en céréales, en affirmant d'emblée que “certains partenaires nous ont résilié des contrats durant les moments difficiles que nous avons traversés”, contrairement au Canada qui, nonseulement, a continué à honorer ses engagements, mais continue d'offrir à l'Algérie des avantages qu'on ne retrouve pas ailleurs. Ces avantages, on les retrouve, selon le DG de l'OAIC, à différents niveaux des relations commerciales à travers le prix préférentiel pratiqué sur le produit, le mode de paiement, les facilitations et la cadence du chargement et le contrôle au chargement. Cette situation fait du Canada un partenaire de choix de l'Algérie qui gagne au retour. Mais, elle démontre, en même temps, tout l'intérêt que porte le troisième producteur de blé dans le monde au marché algérien. “Ce n'est pas une relation d'opportunisme, c'est une relation institutionnelle”, estime M. Gauthier. Si le Canada demeure l'un des plus gros producteurs et exportateurs de blé dans le monde, l'Algérie occupe, elle, une place qui n'est pas à envier dans le concert des pays consommateurs et importateurs. Toutefois, un certain changement est à noter dans le classement mondial des pays importateurs de blé, puisque l'Algérie dégringole au 6e rang, alors que l'Egypte devient le plus gros importateur suivi de l'Union européenne, du Brésil, de la Chine et du Japon. La demande du marché algérien en blé est estimée à 6,5 millions de tonnes. Si la production pour la récolte 2003-2004 a été de 4,1 millions de tonnes, pour 2004-2005 elle a baissé, pour un certain nombre de raisons, à 3,5 millions de tonnes. Toutefois, la production ne couvre qu'environ 50% de la consommation, le reste étant assuré par les importations. Le Canada demeure donc le premier fournisseur de l'Algérie en blé dur. Le volume fluctue, selon les années et les récoltes, et il est estimé à 800 000 tonnes. À noter qu'en termes de demande en blé dur, l'Algérie représente à quelque chose près le quart de la demande mondiale. Hamid Saïdani