La problématique des violences contre les femmes du Maghreb a été, hier, au centre des débats d'un colloque organisé au Sénat français à l'initiative de l'Association de solidarité avec les femmes algériennes démocrates (Asfad) fêtant ses dix ans d'existence. Intitulé “Face aux intégrismes, face au sexisme, dix ans de lutte pour les droits des femmes du Maghreb, d'ici et de là-bas”, cette rencontre a été marquée par plusieurs communications de haut niveau, présentées par une pléiade d'intervenantes. Il s'agit, entre autres, de Michèle André, vice-présidente du Sénat français, de Caroline Fourest, écrivaine et rédactrice en chef de la revue Pro Choix, de Aline Pailler, journaliste, de Myriam Belaâla, présidente de l'Association algérienne SOS femmes en détresse, de Chahla Chafik, écrivaine, sociologue et de Fatima Lalem. Marquant l'ouverture des travaux du colloque, Claude Charon, la présidente de l'Asfad, a souligné d'entrée l'importance du travail associatif en faveur des droits des femmes d'origine maghrébine vivant en France. La vice-présidente du Sénat, Michèle André, qui a d'entrée pour sa part exprimé son soutien à l'égard des luttes des femmes algériennes, n'a pas manqué d'expliquer l'importance de la présence des femmes en politique et dans les institutions : “Nous devons investir les espaces politiques”, indique-t-elle tout en soutenant que “les femmes représentent 17% au Sénat, ce qui n'est pas beaucoup, mais son intégration en tant qu'espace de travail en matière de lois est importante”. Elle en veut pour preuve la tentative de remise en cause des acquis des femmes françaises, à l'instar de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) par un député, mais qui a finalement été bloquée par le Sénat grâce à la mobilisation des femmes au sein de cette institution. Des Algériennes se sont également déplacées en France pour se faire l'écho des violences subies par les femmes de leur pays. C'est le cas de Myriam Belaâla, la présidente de SOS femmes en détresse. Cette dernière a d'entrée exposé les difficultés de prise en charge des femmes aux centres d'écoute de son association située à Alger : l'impossibilité d'obtenir un numéro vert, difficultés de financement ainsi que les problèmes de la réinsertion socio-économique des femmes en difficultés, note-t-elle. Evoquant la question des violences sur les femmes, thème sur lequel son association s'est énormément investie, la conférencière soulignera la difficulté de faire passer “un spot publicitaire sur les violences conjugales à la télévision”. D'autres communications de haut niveau ont également marqué les débats à l'instar de celle de Caroline Fourest, écrivaine et rédactrice en chef de la revue Pro Choix, qui a traité de la problématique de la “laïcité, religion, ordre moral” de celle de Chahla Chafik, traitant de la “lecture comparative de l'Islam politique et idéologique en Europe”. N. M.