“C'est fini les grèves de 4 mois dans les université !” telle est la déclaration faite, hier, par le coordinateur national du Cnes, M. Ali Boukaroura, qui évoquait, en marge de la rencontre maghrébine, la nouvelle stratégie du Syndicat des enseignants du supérieur alors qu'il faisait dans le même temps un constat d'échec sur le dialogue initié avec le ministère de tutelle. Un dialogue, dira t-il, encore plus loin “qui a été positif, mais stérile !...” En effet, la nouvelle direction du Cnes issue du congrès de 2005 avait opté, selon notre interlocuteur, pour une stratégie de dialogue, alors que par le passé, le Cnes s'était illustré par des longs et durs mouvements de protestation pour faire aboutir leurs revendications socioprofessionnelles. Cette stratégie de “dialogue” au travers d'une commission mixte ministère-Cnes a porté essentiellement sur la question du statut particulier de l'enseignant-chercheur et qui finalement n'a rien donné jusqu'ici puisque le statut n'a toujours pas vu le jour. D'où ce constat d'échec chez les syndicalistes du Cnes qui, aujourd'hui, tiendront leur conseil national et qui aura à entériner le programme d'action. Un programme, qui prévoit une série de mouvements de protestation durant l'année universitaire et qui culminera en mai 2006 avec une grève durant la période des examens de fin d'année : “Car nous sommes quand même un syndicat revendicatif et nous avons donc d'autres moyens pour faire aboutir nos revendications...”, déclarera encore le coordinateur national du Cnes. Une annonce qui n'est pas passée inaperçue auprès du chef de cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur présent à la rencontre. Il avait déclaré que le statut particulier de l'enseignant-chercheur était toujours en cours d'élaboration dans la concertation avec les partenaires sociaux ! À l'évidence entre les deux parties, “le dialogue positif” ne semble pas avoir la même signification. Il faut savoir, par ailleurs, que les délégations des syndicats universitaires des 5 pays du Maghreb, la Mauritanie, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye se sont retrouvées, hier, à l'auditorium de l'IGMO, université d'Es-Senia, pour la tenue de leur rencontre qui aura, aujourd'hui, à finaliser et adopter les statuts définitifs de la future Union des syndicats universitaires du Maghreb arabe. C'est ce qui a été annoncé par les représentants syndicaux maghrébins lors d'un point de presse commun qui s'est tenu en marge de la rencontre dont la clôture est prévue aujourd'hui. Ce projet d'union a vu le jour depuis 2004 et a fait l'objet précédemment de rencontres de concertation au Maroc et en Tunisie pour aboutir donc aujourd'hui à l'adoption des statuts définitifs. Mais ce sont les Marocains qui ont obtenu que le congrès constitutif de l'Union des syndicats universitaires maghrébins se déroule au Maroc, courant avril-mai 2006, pour l'officialisation de sa création et dont le siège, sera toujours, domicilié à Rabat. Lors de leurs allocutions d'ouverture, les représentants des syndicats universitaires des 5 pays ont, tour à tour, mis en relief la volonté affichée par les enseignants maghrébins “de s'unir, de mettre en relief leurs valeurs communes par la concertation, le dialogue…” Le représentant du syndicat marocain sera l'un des premiers à faire allusion à feu l'UMA que les politiciens n'ont pas su transcender, et de se déclarer pour une UMA véritable “un seul passeport, une seul monnaie, une seule géographie…” Ses autres collègues ont également regretté que les jalons de l'UMA ne se soient pas concrétisés pour les peuples du Maghreb, le représentant de la délégation libyenne se dira encore très optimiste en affirmant que la création de l'Union des syndicats du Maghreb sera un fait historique par rapport à l'échec consommé des politiciens dans l'UMA. Pour le Mauritanien là aussi, il y a un fait important dans cette union des enseignants du supérieur des 5 pays car, estimera-t-il, c'est le monde universitaire qui représente le mieux les populations. Le seul à avoir eu un discours plus grave et plus concret par rapport aux enjeux régionaux pour les universités, fut le représentant du syndicat tunisien qui déclarera à la tribune que “la mondialisation capitaliste a accentué la crise dans le monde universitaire au Maghreb…” et que “cette vision capitaliste, le diktat de l'argent, fait que le savoir devient une simple marchandise…” C'est là, laissera-t-il entendre, un combat à mener dans le cadre de la future union. F. BOUMEDIENE