En grève depuis le 22 novembre dernier, les étudiants de l'école supérieure des Beaux-Arts ont fermé, hier, l'accès à leur école. Leurs revendications sont claires. Le comité autonome qui les représente exige de trouver une solution à la situation précaire que vivent ceux qui sont arrivés en fin de cursus et dont les soutenances sont, aujourd'hui, suspendues du fait de la grève qu'observent 26 enseignants sur les 40 que compte l'ESBA depuis 7 mois. Ces derniers, indiquent les étudiants et le directeur de l'école, refusent d'encadrer les soutenances prévues durant l'année en cours. “Nos revendications sont strictement pédagogiques”, affirment le président du comité autonome des étudiants qui indique que les étudiants ne reprendront les cours qu'après le déblocage de cette situation. “Ils sont pris en otages”, reconnaît pour sa part Mohamed Djahiche, le directeur de l'école supérieure des Beaux-Arts qui porte le chapeau aux enseignants grévistes, qui eux exigent le payement de leurs salaires avant toute reprise de cours. Mais ce qui se passe, en fait, à l'ESBA n'est, selon les enseignants qui continuent à travailler, que la partie visible de l'iceberg. La crise que traverse l'école supérieure des Beaux-Arts est aussi profonde que cela. Et la grève des étudiants n'est que son expression. Le comité autonome des étudiants, qui demande une mise à niveau de l'institution conformément aux normes universitaires qui régissent l'enseignement supérieur national car celui assuré à l'ESBA n'est pas de qualité, il est confronté à plusieurs obstacles. D'abord, il existe une réelle résistance au niveau des tutelles, l'enseignement supérieur et la culture, ensuite des enseignants grévistes qui refusent la postgraduation. C'est pour cela que les étudiants exigent une rapide mise en place d'une commission de réforme de l'enseignement supérieur artistique tant négligé par les pouvoirs publics qui privilégient la zorna au lieu du développement de l'art dans notre pays, pour reprendre les dires d'une enseignante à laquelle la décadence de l'ESBA fait très mal. Karim Daoudi