Plus d'un an avant que Bush alerte l'opinion mondiale que Saddam Hussein avait tenté d'acheter des composants nucléaires au Niger, les services français (DGSE) avaient, à maintes reprises, averti leurs homologues américains, la CIA, que ces allégations n'étaient pas fondées, selon le Los Angeles Times qui a recueilli les confidences de l'ancien chef français du service de renseignement de sécurité, Alain Chouet, et d'un ancien agent de la CIA. Chouet a déclaré au quotidien de la côte ouest américaine que les informations de la DGSE provenaient d'enquêtes menées au Niger ainsi que dans d'autres ex-colonies françaises, précisant que Paris a toujours été très prudent par rapport aux problèmes concernant la production d'uranium au Niger et les tentatives de Saddam de se procurer de l'uranium en Afrique. La DGSE avait été mise en alerte tout de suite après la première guerre du Golfe car le gouvernement français ne souhaitait pas être accusé de maintenir des relations avec Saddam dans le secteur nucléaire. Un ancien agent de la CIA corrobore les propos de l'ancien chef du service de l'espionnage français, soit que la France avait, à plusieurs reprises, enquêté sur la connexion entre l'ex-dictateur irakien et le Niger sans jamais trouver d'information qui puisse prouver de tels liens et en avait averti la CIA. Chouet explique également que les mises en garde de la France se sont faites plus insistantes tandis que l'administration Bush utilisait ces allégations pour justifier l'invasion de l'Irak. Mais les mises en garde françaises allaient à l'encontre de “notre conception du sujet”, a confié un responsable du gouvernement américain, qui s'exprimait sous couvert d'anonymat et à la condition que ne soit pas nommé le service dans lequel il travaille, pour ne pas se griller aux yeux de Bush. La CIA devait le savoir mais les néo-conservateurs de la Maison-Blanche avaient arrêté leur stratégie. Rattrapé par ses mensonges, Bush devait s'emmêler les pinceaux, allant jusqu'à attribuer les renseignements sur le lien entre le Niger et Saddam aux services des renseignements. La CIA devait plus tard admettre que le marché présumé entre l'Irak et le Niger était basé sur de faux documents. D. Bouatta