La Dgse française avait à maintes reprises averti la CIA que ces allégations n'étaient pas fondées. Un autre scandale vient d'ébranler l'administration Bush. Après l'affaire de la prison Abou Ghraïb et les vols secrets de la CIA en Europe, c'est au tour du dossier des armes de destruction massive d'être exhumé. Cette véritable bombe à retardement, à l'origine de l'affaire Wilson, ayant coûté une peine d'emprisonnement à la journaliste du New York Times, Judith Miller en juillet 2005, pour avoir refusé de divulguer le nom de son informateur sur cette affaire, revient au-devant de la scène. A noter que d'après le New York Times, l'informateur de la journaliste n'était autre que Lewis Libby, le directeur de cabinet du vice-président américain Dick Cheney. Celui-là même, dont le président Bush a loué la compétence et le dévouement. D'après une récente révélation du Los Angeles Times, les responsables de la Maison-Blanche savaient avant même le début de la guerre que l'affaire de l'uranium nigérien était en fait un pétard mouillé, pouvant toutefois servir d'alibi à une attaque contre le régime de Saddam. Les services de renseignement français avaient averti leurs homologues américains dès 2001 et en 2002 que Saddam Hussein n'avait pas cherché à se procurer de l'uranium au Niger. Citant un certain Alain Chouet, ancien responsable de la Dgse et ancien agent de la CIA, le journal ajoute que la Direction générale de la sécurité extérieure (Dgse) française avait à maintes reprises averti la CIA que ces allégations n'étaient pas fondées. Sur la prétendue tentative irakienne d'acheter de l'uranium: «Nous avons dit aux Américains que c'était des conneries, que ça n'avait pas de sens». Avant d'ajouter: «Nous avions eu le sentiment d'être bien compris». Les mises en garde des Français «allaient à l'encontre de notre conception du sujet», a cependant confié un responsable du gouvernement américain, qui s'exprimait sous couvert d'anonymat, et à la condition qu'on n'identifie pas le service dans lequel il travaille. Par ailleurs, révèle l'ex-chef de la Dgse, un ancien agent de la CIA a confirmé que l'agence américaine avait à plusieurs reprises contacté l'agence française du renseignement pour obtenir des renseignements sur l'uranium au Niger. Selon M. Chouet, une équipe avait été envoyée au Niger en 2002 pour vérifier si un accord de vente avait été signé ou envisagé entre Niamey et Baghdad. Aucune trace n'a été trouvée de ce prétendu accord. Il est utile de rappeler que dans son discours sur l'état de l'Union en janvier 2003, le président Bush avait attribué les informations sur la tentative par Saddam d'obtenir de l'uranium au Niger aux services de renseignement britanniques.