Malgré le dispositif existant et sa conformité avec les exigences des accords Adpic de l'OMC, la contrefaçon et la piraterie est en augmentation en Algérie du fait principalement de la méconnaissance des règles et procédures en vigueur par les opérateurs économiques et de l'insuffisance des moyens de contrôle des services officiels. C'est du moins ce qui ressort du séminaire national sur la propriété intellectuelle organisé hier, à l'hôtel El-Aurassi, par l'Institut national algérien de la propriété intellectuelle (Inapi) en collaboration avec l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi). En d'autres termes, les participants à la rencontre semblent indiquer que “les dispositifs protégeant la propriété intellectuelle et industrielle ne sont pas réellement mis en œuvre”. L'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda) affirme avoir saisi plus de 200 000 CD en 2004, contre 56 000 seulement en 2003. C'est la preuve que le phénomène de la piraterie et de la contrefaçon augmente d'année en année. Pour rappel, le ministère du Commerce algérien avait affirmé que plus de 40% des produits contrefaits sont produits localement, 41% sont des produits d'importation et 18% de ces produits d'importation ne sont pas identifiés. L'origine des produits contrefaits est à 53% asiatique (41% d'origine chinoise), européenne (39%) et proche et moyen-orientale (8% de Syrie, d'Egypte, de Dubaï…). Depuis les parfums et les cosmétiques, en passant par le prêt-à-porter, les pièces détachées de voitures, les cigarettes, l'électroménager, les logiciels informatiques, les livres ou encore les médicaments, aucun produit n'est épargné. Le phénomène de piraterie touche aujourd'hui les sonneries de portable. Des prestataires proposent à leur clientèle une kyrielle de sonneries tirées, sans autorisation, du large éventail de la musique algérienne (raï, chaâbi, kabyle, ...), de la musique orientale ou encore occidentale, voire même tirées des génériques de films sans même avoir une autorisation auprès de qui de droit. L'Office national des droits d'auteur et droits voisins s'est saisi du dossier. Ces dernières années, les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience des méfaits de la contrefaçon notamment sur la santé des consommateurs, et sur l'attractivité du pays pour les investisseurs étrangers. Sous l'impulsion des négociations avec l'Union européenne et l'OMC, ils se sont engagés à lutter contre ce phénomène. Mais pour autant les responsables de l'Inapi avancent seulement 67 plaintes dans lesquelles l'organisme est cité. C'est très peu par rapport à l'ampleur du phénomène. Meziane Rabhi