Dans un entretien publié hier par “Al Sharq Alwsat”, le patron de la commission d'enquête onusienne ne laisse plus planer le doute sur la responsabilité des autorités syriennes dans l'attentat qui avait coûté la vie à l'ex-Premier ministre libanais. À la question de savoir s'il était catégoriquement convaincu que la Syrie était derrière l'assassinat de Rafic Hariri, Détlev Mehlis a franchement répondu “oui”, sans la moindre hésitation. Il précisera qu'il désignait les autorités syriennes, sans toutefois préciser les degrés de responsabilité ni citer de noms. Tout en se gardant de divulguer les secrets de l'enquête, il a évoqué les liens existant entre l'attentat contre l'ancien Premier ministre libanais et ceux qui ont visé par la suite les personnalités libanaises antisyriennes dont le dernier en date contre le député et journaliste Jebrane Tuéni, pour étayer son affirmation. Selon lui, les manières avec lesquelles ont été exécutés les différents attentats montrent clairement des similitudes dans les opérations. Quant à la possibilité de citer nommément les personnes impliquées directement, Mehlis dira que cela est tributaire des résultats des auditions de Vienne. Dans cette optique, le chef de la commission d'enquête onusienne a refusé de divulguer l'identité des dix-neuf suspects, assurant que cela sera fait à la fin de ses investigations quelle qu'en soit la durée. Il a affirmé que les deux rapports d'étape apportaient des preuves sur “l'implication des services de renseignements syriens et libanais dans l'assassinat de Rafic Hariri le 14 février à Beyrouth”. Par ailleurs, Détlev Mehlis a confirmé sa démission de la présidence de la commission en prenant le soin d'assurer que son départ n'avait aucun lien avec le déroulement de l'enquête qui se poursuit de façon excellente. Les raisons de la démission sont d'ordre “professionnel et familial”, a-t-il affirmé. Les conditions de sécurité qui lui ont été imposées depuis sa prise en main du dossier sont également derrière sa décision de rendre le tablier. En effet, il a qualifié de difficile le fait d'être obligé de s'astreindre pendant sept mois à des mesures de sécurité draconiennes. Il a estimé qu'il était temps de retourner chez soi. L'enquêteur onusien a démenti formellement avoir fait l'objet de menaces durant l'exercice de sa mission. Faisant allusion au témoin syrien Houssam Hassam, qui s'est rétracté par la suite, Mehlis a indiqué que “certaines parties, dont une en particulier, ont cherché à dévier l'enquête, mais elles n'ont pas réussi”. Le magistrat allemand a évoqué la liste de “personnalités libanaises à abattre” publiée cette semaine par plusieurs journaux libanais. Des témoins “avaient fait état de cette liste durant leur interrogatoire, mais nous ne pouvons affirmer avec certitude que ces informations sont exactes”, a-t-il déclaré, avant d'ajouter : “Nous avons jugé utile d'avertir les autorités libanaises.” K. ABDELKAMEL