Un appel est lancé à tous les éleveurs pour la constitution d'une Union nationale des aviculteurs qui serait l'intermédiaire entre les responsables et les professionnels. Réagissant aux propos du ministre de l'Agriculture, qualifiant des agriculteurs et producteurs avicoles algériens de “clandestins”, des aviculteurs de la wilaya de Tizi Ouzou, constitués en collectif, se sont dit choqués : “D'une part, on nous invite à travailler, à produire, à investir, malgré des pertes que, pourtant, nous sommes seuls à les subir et à les supporter, de l'autre, on nous traite de clandestins, d'informels…” “Pendant des décennies, nous avions satisfait le marché national, malgré l'absence de l'aide de l'Etat et des pouvoirs publics, alors que toute la filière était informelle d'amont en aval. Actuellement, nous sommes livrés à nous-mêmes, sans soutien, face à une des plus graves crises, engendrée par la grippe aviaire sévissant en Asie. Les 980 millions de centimes pour parer à l'entrée du virus, chiffre annoncé par le ministre de l'Agriculture, est un montant insignifiant comparativement aux dommages subis par la filière avicole”, estiment encore nos interlocuteurs. Ces aviculteurs indiquent qu'ils sont “profondément inquiets” pour leur activité, héritée de père en fils, notamment dans les montagnes où l'on ne vit que de et par cet élevage, une filière qui génère environ 100 000 emplois directs ou indirects dans la wilaya de Tizi Ouzou, aujourd'hui menacés d'effritement total, si rien n'est fait pour y parer. “Nous nous demandons jusqu'à quand continuerons-nous à supporter un travail à perte ?” s'interrogent-ils. Ces pertes sèches viennent, notamment, “des saisies qu'opèrent dans des barrages les forces de l'ordre et services vétérinaires contre nos clients venant de diverses wilayas du pays. Ce qui pénalise doublement notre produit, d'abord par le découragement de notre clientèle à ne plus revenir acheter notre volaille, ensuite par l'âge de celle-ci sachant qu'un poulet de plus de 60 jours ne se vend plus”. Aussi, les éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou interpellent les pouvoirs publics pour une concertation et l'implication dans l'organisation de la filière en aidant au réaménagement des infrastructures d'élevage. Ils invitent par ailleurs les éleveurs d'autres wilayas du pays à les rejoindre en vue de réaliser une “union nationale” des producteurs et éleveurs avicoles d'Algérie, cadre qui leur permettrait de travailler ensemble et protéger cette activité tout en défendant mieux les intérêts de la corporation. SALAH YERMÈCHE