Les questions d'urbanisme, de foncier et d'insuffisantes capacités de l'outil national de réalisation restent des freins à la concrétisation dans les délais du programme de 1 million de logements, respectueux des normes de qualité, et des impératifs de coût et d'aménagement rationnel du territoire national. La formule de location-vente, qui a tant suscité l'espoir au sein des demandeurs potentiels, est devenue un mauvais souvenir pour certains et une utopie pour d'autres. Les programmes identifiés par les nombreux maîtres d'ouvrage stagnent ou avancent au ralenti. L'Agence pour l'amélioration et le développement du logement (AADL), pour ne citer que cet exemple, a promis il y a quelques mois de livrer 27 000 logements d'ici à la fin de l'année. Or, l'année s'est écoulée, mais cette agence n'a livré, selon sa direction générale, que quelque 14 000 unités, soit seulement 10% du programme promis. L'AADL devrait livrer 2 492 logements vers la fin du mois de mars denier. Le directeur général (DG) de l'agence a rappelé les raisons du retard flagrant qu'ont accusé les programmes de 20 000 logements de 2001 et les 35 000 de 2002. Le premier responsable a évoqué des aléas bien connus et des facteurs endogènes liés à l'exécution même des projets. Il a ainsi, mis en avant l'épineux problème de la rareté du foncier. Ce qui reste des programmes 2001 et 2002 fera l'objet, avait-il promis, de livraisons partielles et continues et s'étaleront tout au long de l'année 2005. Le challenge relevé par le DG concerne beaucoup plus la gestion et la sauvegarde du patrimoine livré et non pas sa livraison en elle-même. En termes plus clairs, il se soucie de l'avenir des 3 000 logements location-vente actuellement en exploitation. Concernant le glissement du planning de réalisation du programme de 2001 sur 2005, il soulignera que l'engagement est basé sur des “paramètres de logique et d'avancement normal de parcours”. Et d'ajouter : “Nous ne voulons pas nous précipiter.” Il avait souligné, cependant, que le programme de 2001 sera livré à quelques centaines d'unités près en 2005. Toutefois, entre ce qu'il a promis et la triste réalité que livre le terrain, il existe un grand écart. La CNEP-Immo n'échappe pas à ce verdict. Cette entreprise avait initialement promis de livrer quelque 65 000 logements suivant la formule location-vente vers la fin de l'année 2005. Elle devrait lancer quelque 4 000 logements avant la fin de l'année 2005, mais rien n'y fit. Ainsi, les dispositifs et les formules se suivent et ne se ressemblent pas, mais le citoyen “patauge” toujours dans le besoin. Dans la capitale, ils sont 100 000 candidats à postuler pour un logement. Le fonds des œuvres sociales offre 25 000 logements à l'échelle du territoire national. Mais la demande est bien plus importante que cette disponibilité. Pour cette année, c'est au tour des produits du Fonds national de péréquation des œuvres sociales (FNPOS) de susciter une forte demande. En effet, plus de 100 000 imprimés ont été retirés par les postulants aux logements sociaux participatifs (LSP), aux aides et prêts proposés par le FNPOS à la clôture de l'opération. Par ailleurs, la concrétisation du projet de 1 million de logements d'ici à 2009 devient de plus en plus impossible. Un million de logements, c'est l'équivalent de 8 millions d'habitants, soit deux fois la capitale, 7 fois la wilaya de Sétif et 12 fois Tlemcen. Pire encore, pour atteindre un tel objectif, il faut que des aspects tels que l'urbanisme avec sa toile de fond, le foncier, suivent. Cependant, les plans directeurs d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) et les plans d'occupation du sol (POS) sont entièrement consommés dans presque toutes ces régions. Il ne reste plus de terrain à construire dans la majorité des wilayas. Le programme de 1 million de logements nécessite au moins entre 10 000 et 15 000 hectares de superficie, soit l'équivalent de la capitale. Or, les surfaces disponibles au plan local sont insignifiantes. Ce n'est pas de l'avis du ministre de l'Habitat qui soutient mordicus que l'Etat a dégagé des assiettes de terrain pour 2 millions de logements. Or, cette opération doit être fondée sur une conception de 25 années à venir du point de vue du foncier. Badreddine K.