Adrar se vide le jour de l'Aïd El Adha, le visiteur, en arpentant les rues et les artères de la ville, le (vide) découvre à ses dépens. Ce phénomène s'explique par le départ massif vers les ksour avoisinants car l'éclatement de la cellule familiale n'a pas eu lieu et tradition oblige, les membres de toute une communauté se regroupent pour fêter ensemble cet événement. Ceux qui demeurent en ville réservent eux-aussi à cette journée une ambiance particulière où les enfants parés et bardés de leurs plus beaux habits défilent et rendent visite aux proches et aux amis en vue de dénicher quelques pièces qui feront leur joie et leur bonheur. Sitôt la prière de l'Aïd accomplie, les chefs de famille se changent, arborant une “tenue de combat” et s'en prennent à ce quadrupède qui attend l'heure fatidique où le sang va couler. Cet acte achevé, l'on s'active à dépecer l'animal en le remplissant d'air à l'Aïd de son propre souffle. Il faut avoir des poumons solides, ou en ayant recours à des pompes à air comprimé. Cette technique, plus avantageuse, nous évite l'avachie et l'épuisement. Ensuite, les boyaux, le foi sont livrés aux femmes pour les nettoyer. Une tâche pénible et fastidieuse. Même la tête y passe et les poils crépitent sous les flammes du trépied. Une vraie corvée ! Après quelques heures, on pourrait enfin savourer à déguster des brochettes appelées “melfouf”. Assaisonnées de sel, de cumen, de poivre et cuites à la braise attisée par des sèche-cheveux. Elles sont et représentent un vrai délice pour le palais. Rien ne se perd de la technologie. L'après-midi est réservé aux visites et au recueillement sur les tombes des défunts qui nous rappelant la dure et amère réalité de la vie. M. E. SAFI