Les Américains sont pressés de finir avec le procès de Saddam dont le premier verdict devrait tomber d'ici l'été. Bush souhaite lui coller d'autres crimes que celui dont il est présentement accusé. À l'assassinat de 148 personnes lors de la répression qui a frappé le village chiite de Doujaïl après une attaque contre le convoi présidentiel de Saddam en 1982, Dooley, le procureur américain qui conseille le tribunal spécial irakien, a annoncé que l'ex-maître de Bagdad devrait également répondre de ses autres crimes : le gazage de populations kurdes, la répression du soulèvement chiite en mars 1991, la déportation des habitants chiites des marais du sud du pays et l'invasion du Koweït. En énumérant ces nouveaux chefs d'accusation, le procureur a fait l'impasse sur le consentement de la Maison-Blanche. Jusqu'à présent, le procès a surtout été marqué par des incidents et des interruptions de séances. Saddam a insulté les présidents américains, père et fils, condamnant l'occupation américaine et appelant les Irakiens à la fierté nationale. Le déroulement du procès n'a pas convaincu les observateurs jusqu'à présent. Le très médiatique avocat français, Jacques Vergès, affirme que les Etats-Unis avaient peur d'un grand procès pour Saddam et évitaient que son jugement soit public. Montrer la collusion de Saddam avec l'Occident n'intéresse pas les Etats-Unis, affirme l'avocat dont les services ont été récusés par la fille de Saddam qui, lui, a préféré un ancien ministre américain, plus acide à l'égard de l'accusation. L'avocat français a laissé entendre qu'il avait été écarté sous la pression des Américains, affirmant se tenir en réserve dans le cas où il serait amené à défendre Saddam. D. B.