Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Saïd Barkat, a présidé hier après-midi, à l'hôtel Mazafran de Zéralda, la cérémonie d'installation du nouveau conseil d'administration de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et celui de la filiale bancaire du même établissement CNMA-Banque SPA. Les membres des deux conseils d'administration ont été élus dans la matinée par leurs pairs lors d'une assemblée générale. M. Abdelatif Dilmi a été désigné président du conseil d'administration de la CNMA par les présidents des conseils d'administration des 62 caisses régionales de mutualité agricole (CRMA). Avec l'érection de l'organe de gestion de la caisse, la filiale banque devient officiellement opérationnelle après l'autorisation d'activité notifiée par le Conseil de la monnaie et du crédit en septembre dernier. Et comme le processus de renouvellement des instances de gestion de la CNMA n'avait pas été du goût de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), qui a dénoncé l'opération allant jusqu'à décider de geler les activités de M. Dilmi en son sein, c'est le ministre de l'Agriculture qui a pris sur lui-même de répondre de manière violente à ce qu'il a qualifié de “politique spectacle”. La référence est en effet claire aux dernières sorties médiatiques du secrétaire général de l'UNPA, Mohamed Alioui. Mais, il faut dire que le ministre n'a pas pris de gants pour répliquer à ce dernier sans le citer bien évidemment. “La politique du couffin, c'est terminé. Pas de diversion. La CNMA n'est le monopole ni de celui-ci ni de celui-là”, a tonné M. Barkat qui a considéré que “le syndicat n'est pas là pour gérer, mais pour ramener un plus”. Abondant dans le même sens, M. Djamel Madani, directeur général de la caisse, a tenu pour sa part, au cours d'un point de presse en marge de l'assemblée générale, à affirmer que “les élections se sont déroulées dans la démocratie la plus totale et la caisse appartient à ses sociétaires et personne d'autre n'a le droit de s'ingérer dans ses affaires”. Par ailleurs, le ministre n'a pas manqué de mettre en exergue les efforts importants consentis par l'actuelle direction de la caisse pour redresser la situation de l'entreprise qui, selon lui, a failli s'effondrer au moment du lancement du PNDA en 2000. Aujourd'hui, le pari semble être gagné puisque la CNMA, qui comptait cette année-là 14 000 sociétaires, a atteint actuellement près de 150 000. Cette rigueur dans la gestion a permis également de réaliser des records en termes de chiffre d'affaires, notamment celui des assurances agricoles qui avoisine les 3 milliards de DA en 2005. C'est dire qu'en l'espace de cinq années seulement, la CNMA est passée du statut d'établissement au bord de la faillite à celui d'un établissement dont les résultats font rêver les plus grosses cylindrées du secteur bancaire. Le nombre de comptes domiciliés en son sein (180 000) est d'ailleurs révélateur de ce retour de la caisse sur la scène. Lancé avec un capital social de 1,2 milliard de DA, la filiale banque de la CNMA augmentera ce montant avant avril prochain pour se conformer aux exigences de la loi sur la monnaie et le crédit qui établit le minima à 2,5 milliards de DA. Dans son intervention, le ministre a appelé tous les concernés par l'avenir de la caisse à l'“adapter” aux changements qui interviennent sur la scène économique nationale ou internationale et à ouvrir des partenariats même avec les banques étrangères du secteur agricole, citant au passage le Crédit agricole français. Le SG de l'UNPA dans l'œil du cyclone Les membres de l'assemblée générale du conseil d'administration de la CNMA, qui sont pour la plupart des agriculteurs affiliés à l'UNPA, ont rendu public hier, un communiqué dans lequel ils appellent à l'organisation du congrès de l'organisation, tout en dénonçant les dernières sorties médiatiques du secrétaire général, M. Mohamed Alioui. Les rédacteurs de la déclaration s'élèvent contre ce qu'ils qualifient d' “agissements et de déclarations publiques irresponsables, qui sont en contradiction avec les intérêts de l'organisation”. Ils tiennent par ailleurs, à témoigner sur les conditions de déroulement des élections des organes de gestion de la CNMA qu'ils jugent “démocratiques et transparentes”. Le mandat de la direction actuelle de l'UNPA avait, pour rappel, expiré le 5 mai 2002, mais aucun congrès n'a été organisé pour renouveler ses instances. H. Saïdani