Détournements de fonds, copinage administratif, marginalisation des compétences, retard dans le virement des salaires, pléthore de personnel. Tel est le constat dressé, avant-hier, lors d'une réunion de conciliation entre les deux sections syndicales du Snapap et l'exécutif de l'APC de Tizi Ouzou. La rencontre a été convoquée suite à un préavis de grève déposé par le Snapap, dont la plate-forme de revendications en treize points s'articule autour de l'épineux problème des salaires et des vacataires. Devant la difficulté de la situation, le P/APC M. Bensalem a proposé à ses interlocuteurs de constituer une commission conjointe pour faire un état des lieux sans complaisance sur la question des ressources humaines. C'est que réellement la situation est kafkaïenne. L'administration avait demandé en juillet dernier un budget pour payer quelque 320 travailleurs contractuels. Les travailleurs devaient être réglés jusqu'au 31 décembre 2005. Et les résiliations prononcées à la même date, selon un arrêté de la tutelle. Mais voilà qu'entre-temps, des décisions de réintégration ont été émises en violation de la réglementation. Aujourd'hui, l'APC se retrouve avec 460 contractuels supplémentaires sur les bras qu'il faudra payer, alors que l'argent n'est pas prévu. Ce pourrissement est mis sur le dos de l'administration, puisque durant la vacance du pouvoir local — dissolution des APC — la situation n'a pas été assainie, accuse M. Si Salah, premier vice-président. “Des gens émargent au budget de la commune alors qu'ils travaillent ailleurs, d'autres ne se sont jamais présentés bien qu'ils perçoivent un salaire”, dénonce-t-on lors de la réunion d'hier. Des syndicalistes soulèveront le problème du recouvrement des ressources de la commune. Ils ne s'expliquent pas par exemple le fait que le marché de gros ne fasse rentrer que 360 millions ou encore que l'abattoir fasse bénéficier la commune de... zéro dinar. “Il y a a manifestement un détournement de fonds et un copinage administratif dans cette commune”, soutien un syndicaliste. Et au Dr Débiane, autre adjoint au P/APC, de proposer un assainissement du personnel, puisqu'il y a des travailleurs qui perçoivent un salaire mais qui ne travaillent pas. Cet assainissement dans les ressources humaines est souhaité par tout le monde, puisque cela semble agréer les élus, les représentants des travailleurs, tout comme certains cadres administratifs. On a même suggéré de redynamiser la politique des recouvrements. En attendant, les travailleurs risquent de ne pas percevoir leur salaire du mois en cours. Le financier de la commune a estimé à quelque 6,5 milliards les salaires des vacataires pour l'année 2006. La solution ? Prévoir cet argent dans le cadre du budget primitif (BP) de l'année en cours. Ce qui ne semble pas convaincre les syndicalistes. Les autres points devaient être passés en revue lors de la réunion d'hier. YAHIA ARKAT