Mécontente de la décision en solo prise par le Conseil national de la déontologie médicale (CNDM) d'organiser des élections pour le renouvellement de sa composante et du délai assez court de leur tenue, l'Intersyndicale des praticiens de la santé, composée de 5 syndicats (Snapo, SNMASM, SNPDSM, SNPSP et SNPSSP), est montée au créneau pour marquer ses distances. Non agréée par la date arrêtée par la CNDM- le 23 février- ni par celle fixée par le ministère de la santé le 16 mars-, les dirigeants des 5 syndicats ont exigé, dans une conférence de presse animée conjointement hier au siège du SNPSSP, un “confort temporel” de plus de 3 mois pour qu'ils puissent prendre leurs “dispositions” et une meilleure préparation de cette échéance. “Le temps est relativement court pour que l'information puisse être bien diffusée dans tous les segments du secteur. Il y a risque alors que cette élection soit bâclée. Or, pour avoir un conseil d'ordre fort, il faut réunir toutes les conditions pour la tenue d'une élection crédible”, clame le Dr Yousfi. Aussi le 19 janvier, date d'installation de la commission nationale d'organisation des élections, ils comptent faire une requête au ministre. Mais pourquoi cette réaction “tardive” de l'Intersyndicale à ce qu'elle a appelée “crise institutionnelle majeure” au sein de l'instance ordinale? “Devant le pourrissement de la situation qui, d'une dérive à une autre a conduit à cette crise majeure, les syndicats sus-référenciés ont fini par se sentir interpellés et dans l'obligation d'assumer des responsabilités historiques. Portant un regard lucide et serein sur l'enchaînement des faits et le déroulement des événements, en tentant de préserver la neutralité et l'objectivité requises en de telles situations, ils en sont arrivés au constat dramatique et malheureux de faillite institutionnelle globale et d'échec patent et retentissant de l'instance ordinale dans l'exercice de ses prérogatives et la réalisation de ses missions”, lit-on dans la déclaration préliminaire de l'Intersyndicale. Constat qui l'a poussée à solliciter l'intervention du ministre de tutelle car, est-il encore indiqué dans la déclaration, “toute situation d'exception exige un traitement institutionnel d'exception” pour éviter que “le désordre et la confusion ne dégénèrent en anarchie et en chaos”. “On a l'impression que cette situation plaît à certains. Nous sommes obligés de saisir le ministre pour mettre de l'ordre dans le conseil. On ne veut pas que l'administration s'en mêle. Mais pendant 3 ans on n'a pas cessé d'interpeller les membres du CNDM pour régler les problèmes à l'intérieur du conseil. Non seulement ça ne s'est pas fait mais plus grave encore, on est mis devant le fait accompli en fixant unilatéralement la date de la tenue des élections pour le 23 février”, explique d'avantage le Dr Yousfi. Un argumentaire qui ne convainc pas tout le monde puisque certains sont allés jusqu'à accuser les syndicats d'être de mèche avec le ministère. “L'Intersyndicale est souveraine. Il n'y a aucune pression ou manipulation de la part de qui que ce soit. Il n'y a pas d'alliance contre-nature. D'ailleurs vous allez nous trouver sur le terrain de la revendication avec le ministre actuel”, tranche M. Boubzari, responsable du syndicat national des maîtres-assistants en sciences médicales (SNMASM). “Au lieu de s'interroger sur notre démarche à nous, il faut plutôt regarder du côté du conseil dont la démarche est des plus douteuses”, rétorque encore M. Zemmouchi, président du syndicat national des pharmaciens d'officines. Arab Chih