L'accord d'association avec l'UE et la prochaine adhésion de l'Algérie à l'OMC conduisent graduellement à une “révision complète” de l'ensemble des textes régissant la politique industrielle du pays en vue de répondre aux normes de qualité requises, ont estimé hier des experts en industrie au Forum hebdomadaire d'El Moudjahid. Autour du thème “La stratégie industrielle algérienne face aux défis de la concurrence et la politique d'intégration de l'économie nationale au circuit commercial mondial”, ces experts ont évoqué “l'esprit de promotion de la qualité” qui prévaudrait de plus en plus au sein du ministère de l'Industrie pour faire en sorte que la législation industrielle soit la plus “euro compatible” et la plus “OMC compatible” possible. Ces spécialistes venus d'horizons divers (ministères de l'industrie et de la PME, la SNVI ou encore l'UGTA et l'Onudi) ont noté que l'Algérie était en train de doter ses structures de normalisation (Ianor) et de propriété intellectuelle (Inapi) de moyens importants pour répondre à l'exigence de qualité. Ils n'ont pas manqué, par ailleurs, d'indiquer que le secteur de l'industrie sera doté prochainement d'un organisme chargé des accréditations dénommé “Algérac” pour renforcer la démarche “qualité”. Le représentant à Alger de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), M. Alessandro Parlatore, a indiqué qu'en trois ans de présence en Algérie, il a constaté “un bon rythme d'application du programme ‘qualité' développé par le ministère de l'Industrie”. “L'Algérie a les compétences qu'il faut pour vendre son produit à l'étranger pour peu que les entrepreneurs fassent preuve davantage d'initiative en faveur de la promotion de la qualité du produit”, a-t-il ajouté. “Dans ce sens, le ministère de l'Industrie a fait des pas importants, et les choses avancent lentement mais sûrement”, a encore affirmé ce fonctionnaire international. D'autres experts ont mis en avant “l'absence de stratégie viable” dans la politique industrielle algérienne, ce qui se ressent au niveau de la part de l'industrie dans le PIB (7% seulement) et du secteur de la production automobile où l'Algérie est “carrément absente”, selon eux. De son côté, le P-DG de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI), M. Mokhtar Chahboub, a déploré “le temps perdu à mettre au point cette stratégie industrielle au moment où l'on parle de plan de relance”. “L'absence de concertation” en matière de privatisation des entreprises industrielles a été également mise en exergue par le représentant de l'UGTA à cette rencontre, M. Halim Chafik pour qui “la privatisation a remplacé la stratégie industrielle”. Selon le représentant de la Centrale syndicale, “l'Algérie a fait la démarche inverse : au lieu de négocier directement avec l'OMC, elle s'adapte à ce que lui dicte cette organisation”. Pour la majorité des intervenants au débat, l'Algérie “souffre de l'absence d'une véritable stratégie industrielle, prenant du coup beaucoup de retard par rapport à ses voisins”. S. I.