Les hommes se suicident plus que les femmes, a indiqué M. Boudarène, psychiatre à Tizi Ouzou, ajoutant qu'un taux de 5% de suicide pour 100 mille habitants est enregistré en Algérie ; un chiffre approximatif en raison d'absence de statistiques officielles sur le suicide, a-t-il précisé. “Le suicide n'est pas un fléau mais un problème de santé publique qui touche toutes les régions du pays”, ajoutera-t-il avant de souligner que ce phénomène a certainement augmenté, mais dans l'absolu parce que la population générale a augmenté d'autant plus que 70% de cette population sont jeunes. “Et la schizophrénie qui est dans beaucoup de cas à l'origine des suicides est présente chez les jeunes”, a argumenté le Dr Boudarène qui a imputé, au passage, les chiffres alarmistes à la presse. Et d'ajouter que “les personnes se suicident parce qu'elles sont malades tout simplement”. S'adressant aux médecins et psychiatres présents dans la salle, le conférencier a insisté sur les soins et les conseils appropriés à donner aux personnes qui présentent un état dépressif. “Le meilleur moyen de faire un accompagnement psychologique, c'est de mettre l'accent sur les évènements déclenchants en parlant davantage et sans tabou avec le malade de sa vie avant de prescrire des molécules”, a-t-il précisé. Les sentiments d'incurabilité, d'indignité et de culpabilité sont des symptômes et des alertes de l'existence d'un risque important pour le passage à l'acte (suicide), a-t-il ajouté en demandant aux médecins d'être très vigilants. Plusieurs intervenants ont souligné l'ampleur du phénomène du suicide, et certains d'entre eux ont lié la montée du suicide en Algérie à la situation sociale et économique du pays où le chômage et la pauvreté constituent les causes essentielles qui poussent certaines personnes à l'irréparable. Selon des statistiques de la DGSN, il a été établi pour la période de janvier à août 2005, 225 suicides en Algérie, dont 175 de sexe masculin et 50 de sexe féminin. La plupart des “suicidaires” sont des personnes âgées entre 18 et 30 ans suivies des plus de 40 ans, alors que les moins de 18 ans ne représentent qu'un chiffre réduit. Les moyens par lesquels on se suicide le plus souvent sont la pendaison, les armes à feu, la défenestration, la prise de barbituriques ou autres produits toxiques. Concernant les tentatives de suicide, il a été enregistré pour la même période 650 cas dont 458 femmes, alors que la partie du pays la plus touchée par cette situation est incontestablement la région du nord. M. T.